Après une année chaotique, marquée par une dissolution surprise de l’Assemblée nationale et des dénis de démocratie à répétition, on attendait d’Emmanuel Macron une pointe de lucidité et d’humilité. Qu’il reconnaisse, a minima, son immense part de responsabilité dans le chaos ambiant, et non pas qu’il dénonce sans nuance, et avec une pointe d’aigreur, une opposition « anti-républicaine », comme il a pu le faire au lendemain de la chute de Michel Barnier. À l’occasion de ses vœux aux Français, ce mardi 31 décembre, le chef de l’État a fait un pas en ce sens. Même si n’importe quel professeur lui infligerait l’appréciation suivante : peut mieux faire.
À la suite d’un vaste album souvenir des Jeux olympiques et ses « moments de fierté » (avec, en fond, l’hymne à l’amour chanté par Céline Dion), puis une rétrospective des grands faits de société de l’année, de l’inscription de l’IVG dans la constitution au procès de Mazan, le président a déclaré un énième satisfecit concernant la réouverture de Notre-Dame. Avant d’enfin se confronter, bien que timidement, au résultat de son action. « Nous sommes aussi confrontés à l’instabilité bien que cela ne soit pas propre à la France. Nous le voyons aussi en Allemagne, a-t-il d’abord tenté. Je dois bien reconnaître que la dissolution a apporté, pour le moment, davantage de divisions. Si j’ai décidé de dissoudre, c’est pour vous redonner la parole et retrouver de la clarté. Mais la lucidité commande de reconnaître qu’à cette heure, cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité et j’en prends toute ma part ».
« Que 2025 soit celle du ressaisissement collectif ! »
Si la dissolution n’a pas produit les fruits qu’il espérait, le chef de l’État reconnaît cependant au parlement actuel toute sa « légitimité », notamment sa façon de « représenter le pays », tout en lui enjoignant de « dégager des majorités », en premier lieu sur le budget. « Notre gouvernement doit également savoir tenir un chemin de compromis pour agir, a-t-il poursuivi, adressant tous ses vœux de réussite à François Bayrou et son gouvernement. Que 2025 soit celle du ressaisissement collectif ! ».
Pour cela, le président de la République a un semblant de plan : inviter à nouveau les Français aux urnes à l’occasion d’un ou plusieurs référendums. Une piste envisagée par l’Élysée depuis la chute de Michel Barnier, comme le rapportait l’Humanité au début du mois de décembre. « Les grandes nations, dans les moments de crise, savent se détacher des polémiques du quotidien pour bâtir l’avenir, a-t-il observé. Pour le quart de siècle qui vient, je veux que nous puissions décider et agir avec 2050 en ligne de mire. L’espérance, la prospérité et la paix du quart du siècle à venir dépendent de nos choix d’aujourd’hui. C’est pour cela qu’en 2025, je vous demanderai de trancher certains sujets déterminants ».
Enfin, Emmanuel Macron a dédié une large partie de son allocution aux sujets internationaux. L’Europe, tout d’abord, qu’il appelle à « aller plus vite » et à « investir davantage » pour sa souveraineté. Puis les questions militaires. « Nous devons continuer à investir dans le réarmement militaire pour défendre nos intérêts et la sécurité de nos compatriotes », a-t-il déclaré, faisant référence aux « derniers événements en Syrie, la guerre en Ukraine, les manipulations électorales en Moldavie, en Géorgie et en Roumanie », sans toutefois mentionner une seule fois le carnage en cours à Gaza.
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