Une photo en noir et blanc d’un petit garçon à l’air interrogateur. À chaque fois que Virginie Dupeyroux, autrice d’Amiante et mensonge : notre perpétuité1, croise le regard de son père, Paul, sur la couverture de son livre, elle sait pourquoi sa vie a pris un virage à 180 degrés. Depuis le décès de celui qu’elle appelait par son prénom, en septembre 2015, cette professeur d’anglais de 51 ans n’a cessé de témoigner. Le 11 avril dernier, elle participait encore à un colloque au Parlement européen pour dénoncer les ravages de la fibre tueuse.
Quand le mésothéliome frappe son père en 2014, ce n’est pas la première fois que sa famille est percutée par la maladie. La grand-mère de Virginie avait succombé au même mal, pourtant rarissime en 1975. Alors que ce cancer de la plèvre, incurable, est symptomatique de l’exposition à l’amiante, Paul, à la fois carreleur, mosaïste, âtrier et marbrier, cherche comment il aurait pu être en contact. La réponse arrive par hasard en visionnant un reportage télévisé sur le CMMP (Comptoir des minéraux et des matières premières) d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).