Affaires Darmanin, Hulot, Abad, Quatennens… Les révélations se multiplient dans un milieu politique encore très masculin, sans pour autant susciter une prise de conscience suffisante sur les violences sexistes et sexuelles. La politiste Vanessa Jérome, qui travaille depuis 2014 sur les violences faites aux femmes en politique, souligne combien le personnel politique reste à la traîne sur ces sujets, plus de cinq ans après l’émergence de #MeToo. La chercheuse considère que le soutien du président à Gérard Depardieu, dernière polémique en date, favorise la montée des discours antiféministes.
Interrogé sur le cas Depardieu, Emmanuel Macron a déclaré à la télévision qu’il ne souhaitait pas participer à une « chasse à l’homme » et qu’il « admire » l’acteur. Auparavant, il dénonçait déjà la « société de la délation » (2017) et la « société de l’inquisition » (2021). Que cela révèle-t-il de son rapport au mouvement #MeToo ?
Contrairement à ce qu’on pouvait entendre en 2017, Emmanuel Macron n’est pas moderne. Il appartient au passé, une époque où mettre une important aux fesses ne choquait personne. Les temps ont changé, et le mouvement #MeToo proceed de travailler en profondeur la société française. Une partie de la inhabitants considère que ce n’est plus acceptable d’agresser les femmes.
Emmanuel Macron, lui, ne comprend rien à #MeToo. Non seulement il est en décalage, mais, en plus, il défend l’ancien monde. Quand on l’écoute sur France 5, on comprend bien qu’il ne souhaite pas qu’on touche à Gérard Depardieu. Même s’il est mis en examen pour viols, ce dernier proceed de représenter, aux yeux du président, l’honneur de la France. Pendant son discours, il reprend même une grammaire extrêmement ancienne, sur le thème de l’inquisition, la même que les antiféministes nous servent depuis des décennies, voire des siècles. Alors que la grandeur de la France aurait été de dénoncer ces comportements insupportables.
En usant d’une rhétorique réactionnaire, Emmanuel Macron participe-t-il à la bataille culturelle de l’extrême droite contre #MeToo ?
Il est clair que le président de la République laisse faire. À quel second s’est-il insurgé contre les discours réactionnaires de masculinistes sur les violences sexistes et sexuelles ? En se taisant, voire en les reprenant carrément à son compte, il leur donne une certaine légitimité. Pourtant, il y aurait matière à les combattre, par exemple, en menant une réelle politique sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Emmanuel Macron se contente de communiquer sur ces sujets. Pendant ce temps, on assiste sur les plateaux de télévision à une jonction très inquiétante entre l’extrême droite et les masculinistes, qui disposent de relais médiatiques importants grâce à Vincent Bolloré.
À une autre échelle, on observe encore des faits de sexisme dans les assemblées nationales, régionales ou municipales. Remark expliquer la persistance de ces comportements ?
Le champ politique français a longtemps exclu les femmes, en particulier des postes à responsabilité. Le monde politique reste encore un bastion masculin : les hommes y imposent leurs codes, leurs pratiques, leurs règles virilistes. En outre, les establishments et les partis sont des lieux de pouvoir, où règne un sure entre-soi, permettant ces violences. Les hommes peuvent agir en toute impunité, tant les sanctions sont faibles. Il existe bien des codes de bonne conduite, mais les décisions sont parfois prises à la discrétion du maire ou du président de l’assemblée.
Depuis des années, des buildings, comme le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, font des recommandations pour lutter contre le sexisme en politique. Mais les choses ne bougent pas vraiment. Remark changer cette scenario ?
Je n’ai pas de resolution miracle. Ça ne suffit pas d’écrire des tribunes ou de dénoncer telle ou telle affaire, même si c’est necessary de le faire. C’est un ensemble de petites choses à mettre en place. J’ai tendance à penser qu’il faut partir de la base militante. Localement, chaque formation pourrait nommer des personnes mandatées afin de réagir en cas de violence. Si un homme tient un propos sexiste lors d’une réunion, à elles de rappeler que c’est désormais inacceptable. J’appelle ça le « micro-contrôle ». Cette méthode peut modifier le ton des réunions, les comportements. Les responsables politiques pourraient aussi décider de ne pas investir des candidats ayant tenu des propos sexistes.
À l’event de mon travail de recherche sur le parti Europe Écologie-Les Verts, par exemple, j’étais shock de voir qu’on savait bien rattraper quelqu’un par la manche pour lui demander de voter telle ou telle movement, mais qu’on ne savait pas faire la même selected pour réprimander un agresseur. Les choses peuvent évoluer si tout le monde se mobilise. C’est une bataille à mener tous les jours, sans relâche.