Première heure de vérité pour les rugbymen français Oscar Jegou et Hugo Auradou. Révélations sportives du début de la tournée du XV de France en Amérique du Sud, les deux hommes ont été mis en examen, vendredi 12 juillet, pour « violence sexuelle avec pénétration, aggravée par la participation de deux personnes », à la suite des accusations portées par une femme de 39 ans, rencontrée dans la nuit de samedi à dimanche dernier, après le premier test-match de l’équipe de France. En droit argentin, les violences sexuelles peuvent caractériser des faits allant de l’agression sexuelle au viol aggravé, qui peuvent être passibles de 20 ans de prison.
La vidéosurveillance contredit la plaignante, selon l’avocat des joueurs
Entendus par le parquet de Mendoza, lors d’une « audience de mise en accusation », les deux hommes, âgés respectivement de 20 et 21 ans, avaient été placés en détention provisoire à leur arrivée jeudi soir (heure locale) dans le nord-ouest de l’Argentine, après un trajet de plus de 1.000 km depuis Buenos Aires où ils ont été arrêtés lundi. Le parquet a également précisé qu’Hugo Auradou et Oscar Jegou « resteront en détention » pendant l’étude de la demande de placement en résidence surveillée déposée par la défense.
Un maintien en détention, qui n’est pas une surprise, compte tenu des déclarations de Martin Ahumada, le porte-parole du parquet de Mendoza, avant cette audience. Quelle que soit la qualification retenue, les joueurs « resteront détenus, à moins que la défense ne présente des éléments (suffisants) et qu’un juge ne permette » leur libération, avait-il indiqué jeudi soir.
L’avocat des joueurs, Me Rafael Cuneo Libaronan, qui est le frère du ministre de la Justice, a pourtant bien réclamé une simple assignation à résidence de ses clients, faisant valoir qu’« il n’y avait pas de danger de fuite ». L’avocat avait aussi fait valoir devant la presse qu’il disposait de preuves, émanant de la vidéosurveillance de l’hôtel où se seraient déroulés les faits, montrant la victime présumée sortir de la chambre des deux joueurs, sans les traces de violences au visage qui ont été constatées ensuite au moment de sa plainte. « Elle prétend avoir été battue, les caméras (de l’hôtel) disent qu’elle ne l’a pas été », assure Me Cuneo Libaronan.
Deux versions totalement opposées s’affrontent
De fait, ce sont deux versions totalement opposées qui s’affrontent sur ce qu’il s’est passé le week-end dernier au Diplomatic Hotel de Mendoza, où logeaient le staff et les joueurs français. Le deuxième ligne de Pau Hugo Auradou et le troisième ligne de La Rochelle Oscar Jegou reconnaissent bien avoir eu « une relation sexuelle », « consentie », avec la femme qui les accuse, mais ils ont « fermement nié toute forme de violence ». L’avocate de la plaignante, Me Natacha Romano évoque au contraire des faits de « violence sexuelle particulièrement atroce ». Elle a annoncé que sa cliente avait été hospitalisée jeudi et devrait rester en observation entre 24 et 48 heures, souffrant « d’une décompensation générale du corps suite à tout ce qui s’est passé ».
Selon la version de Me Romano, sa cliente est rentrée à l’hôtel avec l’un des deux joueurs impliqués, « identifié en premier lieu comme Hugo (Auradou) ». Toujours d’après Me Romano, « il l’attrape immédiatement, la jette sur le lit, commence à la déshabiller et se met à la frapper sauvagement d’un coup de poing, dont l’hématome est visible sur le visage de la victime. Il l’étouffe, au point qu’elle a l’impression de se sentir partir ».
Environ une heure plus tard, « entre le deuxième (joueur), qui s’appelle Oscar », selon l’avocate, qui l’accuse des « mêmes faits de violence et de violence sexuelle ». « Elle tente de s’échapper au moins cinq fois. Mais Hugo se réveille et la reprend », a-t-elle encore affirmé. Selon la procureure générale de Mendoza Daniela Chaler, « la déposition (de la plaignante – NDLR) était assez longue, complète, détaillée et correspondait, pour l’heure, aux conclusions médico-légales ».
Interrogée par le quotidien L’Équipe un peu plus tôt vendredi, l’avocate Victoria Alvarez, inscrite aux Barreaux de Paris et Buenos Aires, avait estimé que « la libération conditionnelle » des joueurs français semblait « très compromise », surtout si la qualification retenue était celle d’ « agression sexuelle aggravée ». En cas de mise en examen, la justice a ensuite dix jours pour tenir une audience de renvoi et trois mois pour enquêter et recueillir les différents éléments de preuve. Un délai qui peut être porté à douze mois, sur demande spéciale du procureur.
Le président de la FFR souhaite que « la justice aille vite »
Le président de la Fédération française de rugby Florian Grill, qui a rencontré les deux joueurs à Buenos Aires mardi, a dit souhaiter « que la justice aille vite ». Présent à Mendoza, il indique que « l’avocat a pu exposer (auprès du parquet de Mendoza) plusieurs points qui questionnent sur la déclaration initiale et qui vont mettre en cause plusieurs déclarations ». « Si l’enquête établit les faits reprochés, ils constituent une atrocité sans nom. Pensée pour la victime », avait écrit sur X Amélie Oudéa-Castéra, la (toujours) ministre française des Sports, après la révélation de l’affaire.
Samedi, le XV de France doit à nouveau affronter l’Argentine à 21h (heure française), à Buenos Aires, pour l’ultime et désormais anecdotique test-match d’une tournée cauchemardesque, marquée également par les propos racistes de l’arrière Melvyn Jaminet, dans une vidéo postée sur son compte Instagram, qui avait entraîné son exclusion du groupe et son renvoi en France, dimanche 7 juillet.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.Je veux en savoir plus