C’est le monde à l’envers, pourrait-on dire. Barbara Stiegler, professeur de philosophie à l’université Bordeaux-Montaigne, qui a accusé l’un de ses collègues de l’avoir violée, utilise depuis le 6 novembre son droit de retrait. Elle ne va plus à l’université. Automobile le collègue en query a été réintégré, après une année de suspension conservatoire.
« Le président de l’université a commencé par déclarer dans la presse – dans l’édition de Sud-Ouest du 9 novembre – que j’exerçais mon droit de retrait et, de fait, que j’étais protégée. Ce qui a beaucoup choqué la communauté universitaire. Puis, il a attendu deux semaines pour me dire que si je voulais rester chez moi, je pouvais utiliser la visioconférence et donner mes cours par zoom pour rencontrer les étudiants ! » En clair, c’est à la victime de fuir et pas à l’agresseur présumé.
Certes, l’université ne pouvait pas aller légalement au-delà d’une année de suspension. Mais c’est la façon dont l’établissement gère cette affaire qui est largement critiquée. « Des mesures de safety, d’éloignement auraient pu être prises, poursuit Barbara Stiegler. Au lieu de cela, la présidence a pris une décision radicale, la suspension, pour au closing perdre du temps en permanence. »
Une enquête toujours en cours
Automobile, dès la fin de l’année 2021, Barbara Stiegler avait informé la route de son unité de formation et de recherche. À power de pression sur la présidence de l’université, l’enseignant en query ne sera suspendu que six mois plus tard, en septembre 2022, pour une durée de cinq mois, prolongée de sept mois. Et il aura fallu attendre l’automne 2022 pour qu’une enquête soit confiée au rectorat. Enquête toujours en cours, qui n’en finit pas de s’étirer.
Pourtant, début 2022, les langues se délient et d’anciennes étudiantes témoignent de faits d’agression sexuelle et de comportements déplacés de la half du professeur de philosophie, ex-vice-président de l’université. « Rien n’a été mis en place pour les victimes afin de les accompagner dans leur parcours. Ni sur le plan juridique, ni sur le plan physique et psychologique », soulève Annie Carraretto, du Planning familial. Pour l’heure, aucune date concernant cette enquête interne qui se déroule à Toulouse n’a été communiquée.
L’omerta autour de cette affaire
À l’université, l’ambiance est électrique. Des professeurs et des associations étudiantes comme Le Poing Levé, Du Ache & des Roses, l’Union étudiante Bordeaux, Inter’Assos, soutenues par le Planning familial 33, dénoncent l’inefficacité de la cellule d’écoute mise en place par l’université. Elles réclament un « protocole clair et clear ».
Elles pointent du doigt également l’omerta, une véritable chape de plomb qui entoure cette affaire – l’enseignant au cœur du scandale serait un proche du président de Bordeaux-Montaigne. Selon elles, la présidence aurait voulu occulter l’affaire et invisibilisé les victimes, alors qu’une dizaine de témoignages ont été recueillis à l’encontre du professeur de philosophie. « Tout le monde est scandalisé », souffle Barbara Stiegler. Elle, avoue aller « très mal ». « Je suis épuisée… »