Le nombre de victimes de violences conjugales enregistrées a augmenté de 10 % entre 2022 et 2023, selon l’étude annuelle du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publiée mercredi 6 novembre. Depuis 2016, il a même doublé, montrant « que les femmes continuent d’être de plus en plus nombreuses à sauter le pas de porter plainte et c’est une excellente nouvelle », estime auprès de l’Agence France-Presse la présidente de la Fondation des Femmes Anne-Cécile Mailfert.
Le SSMSI inscrit cette hausse continue dans un « contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes ». Plus qu’une libération de la parole, les victimes de violences sexistes et sexuelles sont moins silenciées. Si leurs conditions d’accueils sont moins déplorables, de nombreuses associations féministes et témoignages alertent encore sur les mauvaises prises en charge des victimes, notamment dans les commissariats et les gendarmeries. Dans un rapport publié en septembre 2023, la Fondation des femmes fustigeait les politiques de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, estimant que le budget alloué par l’État était quinze à trente fois inférieur aux besoins.
Une majorité de femmes victimes et d’hommes bourreaux
Selon le ministère de l’Intérieur, les deux tiers des violences conjugales (64 %) consistent en des violences physiques. 32 % des victimes ont subi des violences verbales ou psychologiques, dont du harcèlement moral (17 %), des menaces (12 %), des atteintes à la vie privée (1 %) ou des injures et diffamations (1 %). 4 % ont été victimes de violences sexuelles. Pour 2 % des victimes de harcèlement moral, les faits ont mené au suicide ou à une tentative de suicide, précise le SSMSI. Au total, selon le ministère, 115 homicides conjugaux et 437 tentatives d’homicides ont été commis en 2023. Selon le décompte de Nous Toutes et de l’Inter Orga Féminicides, au moins 136 féminicides ont eu lieu en 2023. Pour l’année 2024, le collectif dénombre déjà 113 femmes tuées en raison de leur genre.
Comme en 2022, le Pas-de-Calais, la Réunion, le Nord, la Somme et la Seine-Saint-Denis « figurent parmi les départements qui affichent les plus forts taux de victimes enregistrées pour 1 000 habitantes » âgées de 15 à 64 ans, selon le ministère de l’Intérieur. Comme les années précédentes, la très grande majorité des victimes sont des femmes (85 %) alors que les mis en cause sont le plus souvent des hommes (86 %) et de nationalité française (83 %), relève le SSMSI.
Selon l’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS), seules 14 % des victimes ont porté plainte auprès des services de sécurité pour les faits qu’elles ont subis en 2022. Ainsi, ces données ne sont pas représentatives du phénomène des violences conjugales dans son ensemble. « Il y a encore beaucoup à faire », estime Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis. « On a besoin de permettre aux femmes d’avoir confiance dans les forces de sécurité et dans la justice, on a besoin que l’ensemble des professionnels qui sont en lien avec des femmes victimes soient formés, on n’y est pas encore. » Pour rappel, de nombreux rassemblements et manifestations sont prévus partout en France le 25 novembre à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
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