Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre François Bayrou, 48 élus, à l’initiative des maires de communes concernées (Pont-de-Claix et Jarrie, en Isère) appellent à une « nationalisation temporaire » de l’entreprise Vencorex afin d’échapper à son « démantèlement ». Depuis le 23 octobre, la majorité des 550 salariés du groupe chimique sont en grève, bloquant la totalité du site de production placé en redressement judiciaire depuis septembre dernier.
Cette nationalisation, portée depuis plus d’un mois par la CGT, comme « unique solution », est aujourd’hui signée par des élus locaux et des représentants politiques tels que Fabien Roussel (PCF) Marine Tondelier (EELV) et Olivier Faure (PS). Tous dénoncent « un véritable scénario catastrophe » et demandent que cette mesure soit « étudiée sérieusement par les services de l’État ». Contrairement à une « position idéologique », cette « revendication pragmatique » vise à « se donner tous les moyens de sauvegarder l’activité du site », arguent-ils.
120 emplois supplémentaires menacés
Cette mobilisation a été déclenchée par l’absence de solutions concrètes pour le site, à l’exception d’une offre de reprise partielle, formulée par le groupe industriel chinois Wanhua (concurrent direct de Vencorex). L’offre de 1 million d’euros ne prévoyait initialement que la conservation de 25 emplois, revue à 50. Perspective « inacceptable » pour les signataires de la lettre, qui craignent un arrêt total du site et une menace pour « 3 000 emplois directs, voire 10 000 indirectement ».
Et les conséquences de cette fermeture ne s’arrêtent pas là. Le groupe Arkema, présent sur la plateforme de Jarrie, a déjà annoncé son intention de mettre la clé sous la porte en cas de cessation d’activité chez Vencorex, menaçant ainsi 120 emplois supplémentaires. De plus, la fermeture de l’entreprise mettrait en péril la mine de sel de Hauterives, exploitée par la société spécialisée dans le chlore Chloralp, dont le seul débouché est la plateforme de Pont de Claix. Cette mine produit le sel le plus pur d’Europe et bénéficie d’une réserve de 40 ans.
À noter que l’industrie chimique ne fonctionne pas de façon isolée. Chaque acteur est dépendant des autres : le sel produit par Vencorex, purifié sur la plateforme de Pont de Claix, est essentiel pour le secteur de la défense, l’aérospatiale, le nucléaire et l’industrie sanitaire. Par exemple, le chlore produit à Jarrie sert notamment à la fabrication de peroxydes utilisés dans les réacteurs nucléaires. Un démantèlement du fabricant chimique exposerait la France à une dépendance étrangère dont on ne peut connaître les conséquences à ce jour.
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