Sophie Pantel a été élue députée de la Lozère en juillet 2024. “Midi Libre” a suivi l’élue une journée au sein de l’un des deux temples de la démocratie française, l’Assemblée nationale, à Paris. Avant la rentrée parlementaire de ce mardi 1er octobre 2024.
Il est 7 h 30, ce mercredi 25 septembre 2024, le jour se lève et Paris s’éveille, côté rive gauche de la Seine où se dresse, majestueux, le bâtiment de l’Assemblée nationale. Sophie Pantel, la députée de la Lozère, sort de l’immeuble Chaban-Delmas du 101 rue de l’Université, où elle loge dans un bureau-chambre. “Je travaille 15 h par jour”, sourit-elle malgré la fatigue d’un rhume tenace. Pas le temps de pavoiser, la journée démarre sur les chapeaux de roues.
Rue de Solférino, ancien fief socialiste
À l’angle de la rue de Solférino, à côté de l’ancien fief du parti socialiste, le bar-brasserie homonyme se remplit peu à peu des élus de la République, pour une conférence de presse en forme de petit déjeuner proposé par les syndicats agricoles FNSEA et JA. Des dizaines d’élus prennent place. On peut reconnaître Agnès Firmin-Le Bodo, ancienne ministre de la Santé ou encore le communiste André Chassaigne, qui a raté le perchoir d’un cheveu, l’été dernier.
Sophie Pantel s’installe à côté de Stéphane Mazars, député de l’Aveyron. Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA entame son discours : “La France a un atout agricole dont elle ne fait pas assez usage…”, dit-il avant de dérouler sur les problèmes liés à la crise des agriculteurs. Sous l’écoute attentive des élus. Un jeu de questions et réponses suivra.
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La commission des finances de l’Assemblée
Il est 9 h 30, c’est le moment d’entrer dans l’Assemblée nationale, pour assister à la réunion de la commission des finances (dont Sophie Pantel est un des membres pour le groupe socialiste), pour un audit sur les droits de succession. Le temps de traverser la salle des pas perdus, celle des conférences, d’entre apercevoir le café des députés (strictement réservé à l’usage des élus, aucun invité, assistant ou journaliste n’est toléré), “ici, il faut toujours porter son badge, sous peine d’une amende sur salaire”, souffle Sophie Pantel, de croiser Sandrine Rousseau (EELV), café en main, qu’il est déjà temps d’entrer dans la salle de la commission.
La représentante de la Cour des comptes a commencé son exposé. Éric Coquerel (LFI), le président de la commission, écoute attentivement avant de donner la parole aux différents groupes politiques. À sa droite, les tables des droites, au centre celles des centristes, à sa gauche celles des gauches. Chaque groupe a deux minutes pour poser une question. Un chronomètre au mur mesure impitoyablement le temps de parole de chacun.
Déjà midi, Sophie Pantel rejoint son bureau de l’immeuble Chaban-Delmas ou l’attend ses deux attachés parlementaires pour préparer ou affiner plusieurs dossiers et notamment son intervention dans l’après-midi, lors de l’audition du tout frais ministre des Finances Antoine Armand. Là aussi, l’équipe chronomètre, coupe, cisaille, reformule l’intervention. Deux minutes et pas une seconde de plus. Le temps d’une pause déjeuner, où l’élue ira d’un saut de puce voter le rejet des comptes publics 2023, retour dans la salle de la commission où le ministre des finances est attendu (voir encart).
Des réunions, de l’écoute
Il est 16 h. Retour à nouveau dans l’immeuble Chaban-Delmas par un couloir souterrain pour assister à deux autres réunions ; l’une avec Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, l’autre avec des représentants de la Coopération agricole. Cours du lait, céréales, élevages sont sur le gril. Là aussi, plusieurs députés sont venus écouter, poser des questions pour faire remonter certaines doléances dans les différentes commissions de l’Assemblée, qui aboutiront pour les plus importantes, à des amendements des textes en cours ou des propositions de lois.
Les discussions se poursuivront jusqu’à tard, avant que la députée ne file à la Maison de l’Amérique latine, boulevard Saint-Germain, pour un forum économique. Dès potron-minet, le lendemain, elle prendra le train pour Macon pour le congrès national des pompiers, avant le retour en Lozère. Et avant la déclaration de politique générale de Michel Barnier, le Premier ministre, ce mardi 1er octobre, pour la rentrée parlementaire. Elle y assistera, depuis son siège dans l’hémicycle, le 463.
Antoine Armand et Laurent Saint-Martin auditionnés
Une horde de photographes ont attendu dans la salle des pas perdus de l’Assemblée nationale l’arrivée du ministre de l’Économie du gouvernement Barnier, Antoine Armand, et du ministre chargé du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, pour leur audition.
Aussitôt installés dans la salle de la commission des finances, l’instant a été immortalisé. Éric Coquerel, le président de la commission, a lancé la séance et donné la parole à Laurent Saint-Martin : “Je suis ici pour tenir un discours de vérité et de méthode”, a-t-il dit avant de dérouler ses arguments, notamment pour lutter contre l’explosion du déficit public. Antoine Armand a, entre autres, parlé croissance : “Je souhaite y travailler dès maintenant.”
Les groupes parlementaires ont ensuite posé leurs questions. Jean-Philippe Tanguy (RN), Mathieu Lefèvre (Ensemble pour la République), Aurélien Le Coq (LFI), et d’autres. Sophie Pantel a pris la parole pour le groupe socialiste. Échec de la politique de l’offre, dérapage des comptes publics, fracture entre les Français, les territoires, justice fiscale, ras-le-bol des classes moyennes… Les déclarations ont fusé, en deux minutes chrono : “Quand aura-t-on le budget ? Vous engagez-vous à ne pas utiliser le 49.3 ? Si vous l’utilisez, qu’il n’ait lieu qu’à l’expiration des quarante jours prévus pour l’examen à l’Assemblée par l’article 47 de la Constitution ? Allez-vous remettre à contribution les plus aisés ?”
Et une réponse laconique de Laurent Saint-Martin : “Je crois que l’on peut se retrouver, Madame Pantel, très sincèrement. Les problèmes de justice fiscale, j’aimerais qu’on les regarde ensemble. Il faut aussi ouvrir une nouvelle page sur ce débat.”