Le nouveau président Javier Milei va rompre avec la custom protocolaire. Avant que le plus dur ne start pour lui.
Comme un Rolling Stone. Les cheveux ébouriffés, sans doute vêtu de sa veste en cuir usée, devenue seconde peau, Javier Milei s’offrira à une foule de sympathisants tel une rock star.
À l’event de son investiture, ce dimanche, le nouveau président argentin a décidé de tourner le dos aux élus de l’Assemblée législative, pour s’adresser à ses fidèles, qui devaient se réunir dès le milieu de la matinée sur l’esplanade du Congrès de la nation.
En décapotable
Une fois fini son discours, il est prévu que Milei traverse l’Avenida de Mayo, à bord d’une décapotable, pour rejoindre la Casa rosada, le siège du pouvoir exécutif argentin. Une arrivée tonitruante pour celui qui aime se définir comme un ancien chanteur de rock et ex-footballeur.
Les rouflaquettes et le fashion bling bling rappelleront à certains l’ère de Carlos Menem, président argentin durant la décennie 1990, celle de l’argent facile et des privatisations à tout-va. Milei, qui se réclame de Menem, a rangé sa tronçonneuse, symbole des coupes budgétaires drastiques, brandie tout le lengthy de la campagne.
Le roi d’Espagne, et Volodymyr Zelensky attendus
L’économiste ultralibéral assume aujourd’hui le rôle de chef de l’État argentin avec comme principale promesse le démantèlement du même État.
Les délégations de 40 pays sont attendues à Buenos Aires. Le roi d’Espagne, Philippe VI, le Premier ministre hongrois, Victor Orban, ou encore le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avaient déjà confirmé leur présence. En revanche, sur liste des absents de marque figurera l’une des principales inspirations de Milei, l’ex-président américain Donald Trump, qui a toutefois promis qu’il lui rendrait visite très bientôt.
“Un sure enthousiasme”
“Comme à chaque nouveau gouvernement, surtout lorsqu’il y a une alternance politique, l’arrivée de Milei suscite un sure enthousiasme chez les Argentins. Une grande partie des votants est cependant traversée par des craintes et des incertitudes. Il s’agit d’un phénomène politique complètement nouveau et on ignore encore quelles vont être ses premières mesures”, analyse le politologue Facundo Cruz, spécialisé dans l’étude de l’opinion publique.
La lutte contre l’inflation, la priorité n°1
ans un contexte de crise économique, les principales attentes des Argentins ont trait à leur portefeuille. Après avoir vaincu le ministre de l’Économie du gouvernement péroniste sortant, au second tour de l’élection présidentielle, Javier Milei devra convaincre. Et vite.
La lutte contre l’inflation, qui dépassera les 140 % interannuels en décembre, devrait être son principal cheval de bataille. Poursuivra-t-il son projet de dollarisation totale de l’économie ? Rien n’est moins sûr, d’autant que cette mesure a disparu de ses discours depuis le premier tour du scrutin présidentiel.
“Le président le plus faible de l’histoire”
Pour gouverner, Milei ne pourra compter que sur 15 % des élus de la chambre base et 9 % des sénateurs. Son parti n’a aucun gouverneur de province et dispose seulement de trois mairies (mineures) sur plus de 1 200 communes dans tout le pays.
“Il s’agit du président le plus faible de l’histoire argentine, avertit Cruz. Sa principale mission sera donc de construire une nouvelle gouvernabilité, en formant des alliances qui lui permettent d’avoir une majorité.”
Avant même d’être investi, le candidat anti-système s’est mué en président équilibriste. Pour preuve : la moitié de ses huit futurs ministres, déjà révélés, n’en sont pas à leur premier mandat politique. Après avoir dénoncé la « caste » politique, Milei va bien devoir la convaincre.