L’ampleur du problème amène à une « mise en péril » des acheteurs comme des professionnels. L’association UFC Que Choisir a dévoilé, via son magazine vendredi 14 février, une nouvelle enquête dédiée à la présence de pesticides dans les bouquets de fleurs. Leur constat est clair : « une contamination massive des fleurs coupées par des pesticides, dont certains interdits en Europe », a été détectée à la suite d’analyses en laboratoire.
Le magazine a testé quinze bouquets de fleurs (roses, gerberas et chrysanthèmes), trouvables chez des fleuristes, en grande distribution et en ligne. « 100 % des fleurs sont contaminées », avec « jusqu’à 46 résidus de pesticides différents sur un même bouquet », alerte UFC Que Choisir.
« Aucune réglementation ne limite la présence de résidus de pesticides »
« Ces substances incluent des cancérogènes avérés et des perturbateurs endocriniens qui menacent directement la santé de ceux qui les manipulent quotidiennement, ajoute l’organisation de défense des consommateurs. À ce jour, aucune réglementation ne limite la présence de résidus de pesticides dans les fleurs coupées, dont 80 % sont importées de pays autorisant encore l’usage de substances hautement toxiques. » L’impact de ces produits sur les consommateurs reste inconnu, ajoute UFC Que Choisir, alors qu’une évaluation est en cours.
Le magazine alerte enfin sur le besoin immédiat de mettre en place « des mesures immédiates pour protéger la santé publique et l’environnement », dans un communiqué. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’est vue confier, début décembre 2024, une mission pour évaluer les risques de l’exposition aux pesticides et résidus de pesticides des travailleurs de la filière horticole, ainsi que de leurs enfants.
Une annonce effectuée en réaction à l’affaire liée au décès d’Emmy Marivain, victime d’une leucémie à 11 ans, en mars 2022. La préadolescente a été victime des conditions de travail de sa mère, fleuriste, qui a longuement été exposée à des pesticides pendant sa grossesse. « Sans le savoir, je respirais en permanence des produits chimiques, avait fustigé Laure Marivain. Sur une seule fleur, on peut trouver jusqu’à 43 pesticides différents. »
Actuellement, près de 85 % des fleurs coupées vendues en France sont importées – le plus souvent via les Pays-Bas -, dont « une partie non négligeable cultivée hors d’Europe » avec potentiellement « des traitements par des pesticides qui ne sont pas autorisés dans l’Union européenne », alerte Henri Bastos, directeur scientifique santé et travail à l’Anses, auprès de l’Agence France-Presse.
UFC Que Choisir réclame ainsi « une réglementation stricte sur les doses maximales de résidus de pesticides dans les fleurs coupées », « l’interdiction d’importer des fleurs traitées avec des pesticides interdits en Europe », ou encore « une obligation d’étiquetage » sur les origines des fleurs et les traitements. L’organisation conseille enfin de privilégier les fleurs biologiques et d’opter pour les fleurs françaises et de saison. Un choix qui permet aussi de réduire l’impact environnemental de ce marché mondialisé.
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