Six mois après la fermeture du site, qualifié par des associations de « repaire de prédateurs », le fondateur et gérant du site de rencontre Coco.fr Isaac Steidl est entendu, depuis mardi 7 janvier, en « garde à vue dans une enquête de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) », selon le parquet de Paris, précisant qu’un juge d’instruction « appréciera les suites à donner ». Une annonce qui fait suite à une convocation de l’homme de 44 ans par des gendarmes de l’Unité nationale cyber (UNCyber), selon une source proche du dossier.
Selon le parquet de Paris, la plateforme aurait facilité des « actes de pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d’homicides ». Et ce, depuis de nombreuses années. D’autant que le site avait également été utilisé dans l’affaire des viols de Mazan, où 50 hommes, recrutés par Dominique Pelicot, se sont retrouvés sur le banc des accusés pour avoir violé Gisèle Pelicot sous soumission chimique, de juillet 2011 à octobre 2020. Un jeune homme, Philippe, en avril 2024, avait également été victime, via cette plateforme, d’un guet-apens homophobe meurtrier à Grande-Synthe (Nord).
Des comptes bancaires ont été gelés en Hongrie, Lituanie, Allemagne, Pays-Bas
Au total, le parquet de Paris est parvenu à centraliser « des procédures de 71 parquets, au préjudice de plus de 480 victimes », lors de son enquête préliminaire qui avait débuté en décembre 2023. « Au total plus de 23 000 faits ont été dénoncés comme ayant été commis par l’intermédiaire de Coco », avait fait savoir la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau. Pour entrer sur le site, qui se présentait comme un « site de chat sans inscription », il suffisait de renseigner son genre, son âge, son code postal et de créer un pseudo, sans aucun contrôle.
Après six mois d’enquête préliminaire, les investigations ont ensuite été confiées le 28 juin 2024 à un juge d’instruction. L’information judiciaire porte « notamment sur l’infraction de fourniture d’une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée », qui fait encourir 10 ans d’emprisonnement et 500 000 euros d’amende, mais aussi « sur le blanchiment des sommes qui en ont été retirées », avait alors précisé la procureure de la République de Paris. « Des comptes bancaires ont été gelés en Hongrie, Lituanie, Allemagne, Pays-Bas. Plus de 5 millions d’euros ont été saisis », avait-elle ajouté.
En juin 2024, Isaac Steidl, avait été entendu en Bulgarie. Des enquêteurs de l’Office national antifraude (Onaf) et de l’UNCyber ainsi qu’un magistrat du parquet de Paris avaient assisté à son audition en tant qu’observateurs. Et trois de ses proches, soupçonnés d’avoir « exercé un rôle actif dans l’administration de la plateforme ou tiré profit des infractions », avaient aussi été entendus en France et laissés libres à l’issue de leur interrogatoire. Enfin, en juillet 2024, deux modérateurs du site avaient été interpellés à Oignies (Pas-de-Calais) et Limoges, avait indiqué une source policière à l’AFP.
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