En plus d’une détermination à agir, tous ont un autre point commun, « la boule au ventre ». Dans le 6e arrondissement de Paris, ce samedi 27 juillet à l’aube, plusieurs dizaines d’activistes d’Extinction Rebellion (XR) s’apprêtent à passer à l’action sur le pont des Arts. Le but : dénoncer les saccages sociaux et environnementaux des Jeux olympiquesP. « Dans le contexte de répression actuel, on peut s’attendre à tout pour nous faire taire », prévoit Sandro, l’un des organisateurs. La suite des événements lui donnera raison. L’action sera finalement annulée après l’intervention précoce des autorités : 45 militants de XR seront interpellés « préventivement » pour neutraliser l’action.
Des arrestations qui s’ajoutent à beaucoup d’autres pour XR, ces derniers jours. La semaine dernière, 8 de ses militants ont été interpellés pour un collage de stickers anti-JO dans le métro parisien. Six autres l’avaient été pour un jet de peinture sur la direction générale de l’aviation civile, le 1er mai 2024. Ces derniers seront jugés en correctionnelle en 2025 pour « dégradation en réunion ayant causé des dommages importants ».
« Ça devient surréaliste : c’était une action avec de la peinture lavable à l’eau, réagit Ellyn, une des porte-parole du mouvement. Ce sont des dégradations légères requalifiées en ”lourdes“ de façon abusive. Pour nous intimider et nous décourager. »
Une politique de fichage assumée
Un schéma constaté également pour les colleurs de stickers, eux aussi d’abord mis en cause pour des dégradations importantes. Sauf que, cette fois, après la levée de la garde à vue, les faits ont été requalifiés par le parquet en… « souillure de matériel affecté au transport ferroviaire », passible d’une simple contravention. « Si cette qualification avait été la première envisagée, il n’y aurait pas eu de placements en garde à vue possibles, note une source judiciaire. Les contraventions ne le permettant pas. »
Un abus volontaire ? « Nous sommes face à un détournement du droit généralisé à des fins politiques, dénonce Alexis Baudelin, l’un des avocats de ces activistes. Ces gardes à vue permettent de ficher les militants, de récolter leurs empreintes, leur ADN, leur photo pour mieux cartographier les mouvances militantes et neutraliser les mouvements de protestation avant qu’ils ne se produisent. »
Une politique de fichage que Loïc Walder, délégué syndical Unsa Police, assume : « Nous avons à notre disposition un arsenal juridique complet mis en place récemment pour nous prémunir de tous les risques possibles. » Un arsenal basé en premier lieu sur la loi Silt.
Adopté en 2017, ce texte « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » a inscrit un certain nombre de dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun. Avec pour effet de faciliter les assignations à résidence, la surveillance d’individus « considérés comme présentant un danger pour la sécurité et l’ordre publics », et les perquisitions.
Ce qui permet à Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur démissionnaire, de revendiquer que 4 355 personnes susceptibles de « constituer une menace sur la sécurité de l’événement » ont été écartées des jeux Olympiques, dont près de 200 « fichées à l’ultra-gauche », catégorie dans laquelle sont recensés les activistes écologistes. Cela, après un grand nombre de visites domiciliaires, de mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance, et un million d’enquêtes administratives.
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