Le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur de français à Arras (Pas-de-Calais), était assassiné par Mohammed Mogouchkov, l’un de ses anciens élèves fiché pour radicalisation islamiste. Un an après, les juges antiterroristes semblent avoir mis au jour les responsabilités dans cet attentat, qui avait aussi fait trois blessés (un professeur d’EPS et deux employés de l’établissement) et dont, fait exceptionnel, l’assaillant est toujours en vie.
Ce dernier, 20 ans au moment des faits, a été mis en examen pour assassinat et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Trois personnes mises en examen, dont l’assaillant
Lors des interrogatoires, le jeune homme a assuré avoir volontairement ciblé le professeur de français, car il enseignait « l’une des matières où on transmet la passion, l’amour, l’attachement au système en général de la République, de la démocratie, des droits de l’homme ». « La particularité de cet attentat est que l’assaillant est encore en vie et revendique une contestation violente des valeurs républicaines. On assiste à une focalisation assez nouvelle, de la part de la mouvance islamiste, sur l’école de la République », a estimé l’avocat Richard Malka, qui représente l’épouse de Dominique Bernard. Outre Mohammed Mogouchkov, son frère cadet et son cousin ont également été mis en examen.
Un hommage a été rendu à Dominique Bernard dans la cité scolaire Gambetta-Carnot, vendredi 11 octobre, tandis qu’une cérémonie publique, pensée comme une « séquence mémorielle culturelle » en hommage « à toutes les victimes du terrorisme », organisée dimanche, a rassemblé plus de 2 000 personnes sur la place des Héros d’Arras. Plusieurs ministres ainsi que d’anciens membres du gouvernement étaient présents, mais aucun n’a pris la parole.
« Je ne veux plus de discours. À quoi bon ? Tout a été dit », a confié Isabelle Bernard, dans un entretien au Monde. « Il est hors de question qu’il y ait une récupération politique », a-t-elle également dit à la Voix du Nord, dans une autre interview parue samedi. « Je souhaite laisser la parole aux artistes à travers des musiques et la lecture de textes. Dominique prônait le respect de l’autre et de l’environnement, mais aussi la liberté de penser, l’esprit critique, la tolérance, le savoir et l’émancipation par la culture. »
Un prix littéraire pour « ouvrir l’école encore davantage »
Pour faire vivre cette mémoire, la veuve du professeur assassiné a lancé un prix littéraire de nouvelles écrites par des adolescents, dont la première édition s’adresse aux élèves de quatrième, de troisième et de seconde d’Arras et de ses environs. Il a pour thème la tolérance. « L’idée est de donner une réponse au terrorisme et à la barbarie en permettant aux élèves de réfléchir et de construire un texte, a détaillé Isabelle Bernard. Un acte terroriste pousse les gens à se replier sur eux-mêmes, et c’est tout le contraire que je veux avec ce prix : ouvrir l’école encore davantage. »
Aujourd’hui, lundi 14 octobre, une minute de silence sera organisée dans les collèges et lycées en mémoire de Dominique Bernard et de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie également tué par un islamiste radicalisé, le 16 octobre 2020, à Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne.
Être le journal de la paix, notre défi quotidien
Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.
Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engage sans ambiguïté aux côtés des exilés ?
Nos valeurs n’ont pas de frontières.
Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.Je veux en savoir plus !