« Ne baissons jamais les bras, gardons toujours le fil rouge de la lutte », lançait vendredi dans nos colonnes Georges Ibrahim Abdallah. A l’issue de quarante années d’emprisonnement dans les geôles françaises, le plus ancien prisonnier politique d’Europe et le plus ancien au monde lié au conflit du Moyen-Orient, rejoindra-t-il enfin les siens dans son pays natal, le Liban ? Le Tribunal d’application des peines (TAP) a accepté ce vendredi 15 novembre la onzième demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah. Le Parquet national antiterroriste a, toutefois, annoncé faire appel. « Par décision en date du jour, le TAP à admis Georges Ibrahim Abdallah au bénéfice de la libération conditionnelle à partir du 6 décembre prochain, subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître » est-il précisé dans le communiqué.
Une forme de mort lente
Son avocat, Me Jean-Louis Chalanset qui salue une « victoire juridique et politique » s’est d’autant plus réjoui que la décision du tribunal n’est pas conditionnée à la prise d’un arrêté d’expulsion de la part du gouvernement. Dès l’annonce de la décision du TAP, les réactions de satisfaction et de joie ne se sont pas faites attendre. Particulièrement de celles et de ceux qui n’ont eu de cesse ces dernières années de se mobiliser et de lancer des appels pour sa libération.
A l’initiative de plusieurs démarches et appels pour la libération de Georges Abdallah, le député communiste du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, se félicite d’une telle décision. « Elle démontre que la justice peut prendre des décisions fondées sur le droit, des décisions qui interdisent de valider une forme de mort lente pour un prisonnier libérable pourtant depuis vingt-cinq ans », constate le président du groupe de la Gauche démocrate et Républicaine (GDR) à l’Assemblée nationale. La France, poursuit-il, « en sortira grandie, marquant ainsi son indépendance par rapport aux pressions extérieures, puis par de tel geste, elle s’honorera dans le paysage diplomatique actuel ».
D’autres réactions enthousiastes n’ont pas tardé. La députée France Insoumise (FI) de la Loire, Andrée Taurinya s’est dit extrêmement soulagée de « cette décision. Elle montre que nous sommes encore dans le pays des Droits de l’homme qui a aboli la peine de mort. Car le risque d’une peine de mort lente demeurait insupportable ». Aux côtés d’André Chassaigne et de ses collègues Sylvie Ferrer élue dans les Hautes-Pyrénées et Karen Elodie dans le Tarn, ils ont été à l’initiative d’une tribune publiée dans l’Humanité en faveur de la libération de Georges Abdallah.
Une chape de plomb
Engagés depuis des dizaines d’années, José Navarro et Daniel Larregola, animateurs du Collectif bigourdan pour sa libération ne cachaient pas leur joie et leurs émotions ce vendredi, à l’annonce de la décision. « Nous tenons à saluer les mobilisations des militants de base de toute la France. Nous étions encore 4 000 le 26 octobre dernier devant la prison à Lannemezan à dénoncer la chape de plomb qui s’était abattue sur le cas de Georges », rappelait les deux responsables. « Nous tenons toute autant à remercier vivement les initiatives des parlementaires, celles également des intellectuels, à l’exemple d’Annie Ernaux. Elle venait d’alerter dans l’Humanité, sur la situation intolérable imposée à Georges et d’appeler comme d’autres à agir pour que celui ci retrouve rapidement la liberté » et de souligner encore que « Parler haut et fort de Georges, c’est aussi mettre sur le devant de la scène, la défense de la cause palestinienne et des droits de son peuple », concluait José Navarro et Daniel Larregola.
Depuis ses jeunes années, le militant communiste libanais n’a eu de cesse de s’engager sans relâche pour la défense des droits du peuple palestinien. Georges Ibrahim Abdallah, avait participé à la fondation d’une organisation communiste et anti-impérialiste, les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL). Arrêté en France en 1984, il est condamné une première fois à quatre ans de prison pour port d’armes et faux papiers, puis, ensuite, à perpétuité pour complicité d’assassinat. Nombreux parmi des dirigeants de la Surveillance du territoire (DST) et des membres du gouvernement savaient à l’époque que le dossier était vide, que le militant avait été condamné sans preuve. Les autorités françaises restaient cependant sensibles aux pressions incessantes américaines et israéliennes pour que Georges Ibrahim Abdallah reste derrière les barreaux.
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