Alors que 9 départements ont été placés, ce mardi 9 janvier, en vigilance orange pour neige et verglas et que 48 seront en vigilance jaune, ce mercredi, de nombreux professionnels continuent d’exercer en extérieur, dans des situations extrêmes peu encadrées par une réglementation défaillante, comme nous l’explique Frédéric Mau, secrétaire fédéral à la CGT development bois et ameublement, chargé des questions de santé au travail.
Quels sont les risks auxquels sont actuellement confrontés les travailleurs ?
Ces risques sont bien documentés, comme le sont ceux en cas de canicule. Parmi les plus notoires, il y a la baisse de lucidité et la perte d’équilibre dues à l’hypothermie qui peuvent provoquer des chutes mortelles chez les professionnels du BTP travaillant en hauteur, sur les toits ou sur des pylônes électriques notamment. Il y a aussi des risques de crise cardiaque sur des chantiers.
La Caisse nationale d’assurance maladie a commencé à recenser les victimes, il y a à peine quatre ans. Mais il reste des trous dans la raquette. Dans l’inconscient collectif, le malaise mortel au travail n’est pas perçu comme un accident du travail par les patrons, ni même parfois par les salariés eux-mêmes. Il est très rarement déclaré comme tel, alors que la réglementation le prévoit. Des victimes sur les chantiers, on en connaît tous au moins une et ce sont des accidents souvent très violents.
Que prévoit la réglementation ?
Rien, pour ainsi dire. Le congé intempéries, qui est inscrit dans la loi, prévoit certes l’arrêt du travail en cas de vent, de neige, de glace ou d’inondations à l’exception de la canicule – le texte ayant été rédigé en 1947 –, mais il est formulé en des termes trop vagues pour être appliqué. Il ne prévoit aucune quantification sur les durées de travail, ni ne fait point out des températures. C’est en réalité au bon vouloir de l’employeur.
Les mesures exceptionnelles restent en réalité soumises à la nature des tâches. En d’autres termes, en cas d’intempéries, ces variations ne sont pas destinées à protéger les salariés – cela n’a jamais été le cas –, elles sont mises en place uniquement en raison des matériaux utilisés qui, parfois, ne supportent pas le froid, comme les bétons spéciaux, inutilisables en dessous de 5°.
Aujourd’hui, malgré le verglas, les gars sont au boulot. Rien n’a changé depuis cinquante ans. Il y a toutefois une distinction à faire entre le salariat traditionnel, mieux protégé, et le précariat. Pour tous ceux en travail précaire, ubérisé, en intérim, clandestin… là, c’est marche ou crève. On est sous la ligne de flottaison de la réglementation française, avec la complicité des divers gouvernements. La sous-traitance en cascade est mortifère et nivelle vers le bas les critères de pénibilité.
Quelles améliorations la CGT revendique-t-elle ?
La CGT revendique depuis plusieurs années un véritable congé intempéries avec pour objectif de préserver la santé des salariés. Les risques liés aux aléas climatiques constituent une des expositions auxquelles ils sont soumis. Pour l’immediate, c’est le seul outil à notre disposition.
Mais on arrive dans une deadlock : entre les intempéries l’été, pour canicule, ou celles de l’hiver, pour grand froid, se posera assez vite la query des capacités de manufacturing. Le problème de l’exposition aux aléas climatiques est intrinsèquement lié à la query de l’âge de départ à la retraite. Il faut rappeler que 7 salariés sur 10 n’atteignent pas 60 ans dans le BTP, pour des raisons de santé. La CGT réclame une réflexion profonde et des mesures fortes pour répondre à ce problème essential : face au dérèglement climatique, dans un contexte de départ à la retraite à 64 ans, remark travaillera-t-on demain ?