S’il existe un « effet de mode » autour de la transidentité, c’est bien celle de diaboliser les personnes trans. Rarement abordée de manière sérieuse, via des études qui pourtant existent ou via une parole donnée aux associations dans le but de faire œuvre de pédagogie, la question de la transidentité est surtout l’objet de fantasmes sur lesquels s’empressent de surfer la droite et son extrême.
Pour Éric Zemmour, les transitions de genre, « ce sont les expériences du Dr Mengele, c’est criminel ». Les députés du RN ont pour leur part monté une association parlementaire contre le wokisme et la « menace transgenre ». Sur les réseaux sociaux, les militants masculinistes et identitaires prennent d’assaut, avec des propos déshumanisants, tout témoignage, toute prise de position en faveur des personnes trans. « Cette transphobie se caractérise par la construction d’une figure repoussoir, de personnes qui seraient dangereuses pour la société », analyse Karine Espineira. La sociologue des médias y voit « une offensive réactionnaire aux visées plus larges : une société de l’ordre moral, sans diversité et sans couleur. »
« Les homophobes avaient besoin de se trouver un autre combat »
Ces dernières semaines, les médias du groupe Bolloré – mais aussi le Figaro ou RMC – ont abondamment promu le livre Transmania (Magnus), coécrit par Dora Moutot et Marguerite Stern. Ces deux anciennes féministes, qui ont leurs ronds de serviette chez CNews et Valeurs actuelles, consacrent leur temps au rejet des personnes trans. La seconde considérant en outre que « la France est un pays de Blancs ». L’eurodéputée RN Mathilde Androuët et la tête de liste Reconquête aux européennes, Marion Maréchal – avec les remerciements des autrices –, se sont empressées d’adouber cet ouvrage. Car, dans le camp réactionnaire, porter atteinte aux droits de ces personnes, qui n’enlèvent rien aux autres, est devenu un argument politique. Le tout, en profitant de la méconnaissance de la population sur ce qu’est réellement la transidentité, pour mieux attirer de nouveaux électeurs.