Grande oubliée de la campagne des législatives, la question écologique tente de se frayer un chemin vers les bureaux du futur gouvernement. Avant la publication lundi 15 juillet du rapport d’Oxfam sur l’adaptation de la France au changement climatique, une étude dévoilée ce vendredi 12 juillet pointe le sous-investissement de l’État dans ce chantier majeur. Selon l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), pour que notre pays tienne ses objectifs climatiques (réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, neutralité carbone en 2050), les dépenses publiques annuelles devraient doubler, voire tripler.
71 milliards de plus nécessaires à l’horizon 2030
État et collectivités consacrent actuellement environ 32 milliards d’euros de dépenses chaque année en faveur du climat, une somme à laquelle il faudrait ajouter « 71 milliards à l’horizon 2030 », d’après les estimations de l’organisme. Les principales dépenses publiques sont attendues pour la rénovation des bâtiments (entre 16 et 40 milliards d’euros en 2030, contre 7 en 2023-2024), le ferroviaire (9 à 11 milliards au lieu de 6 actuellement) ou le verdissement du parc automobile (5 à 10 milliards contre 3), selon l’étude.
Conscient des difficultés budgétaires qui limitent encore l’engagement de l’État dans la transition écologique, l’I4CE a élaboré un scénario intermédiaire, peut-être plus réaliste, qui permettrait de satisfaire un « besoin minimal » de « 39 milliards d’euros d’argent public additionnel », soit un doublement des sommes investies jusqu’ici.
Il faudrait pour cela que l’État adopte une série de mesures : « Renforcer la réglementation, recentrer les aides sur les bénéficiaires les plus modestes, éliminer certaines dispositions fiscales favorables aux alternatives fossiles, s’appuyer sur les Certificats d’économies d’énergie ou les tarifs des services rendus pour les usagers », détaille le rapport. L’argent public serait dans ce scénario concentré sur « les équipements publics, comme les bâtiments administratifs et scolaires » et la rénovation des « infrastructures de transports », en particulier le ferroviaire.
Un rapport qui se veut « une contribution au débat »
Très coûteuses, les subventions aux voitures électriques, via le bonus à l’achat, seraient ainsi remplacées par des « quotas de verdissement sur les flottes » des entreprises de locations longue durée, principaux acheteurs de véhicules neufs qui alimentent ensuite le marché de l’occasion, a expliqué Hadrien Hainaut, spécialiste des financements climat à l’I4CE, qui évoque une autre piste envisagée, sur le front de l’habitat : « Généraliser une obligation de rénovation à travers un abondement », c’est-à-dire des sommes consignées lors de l’achat d’un logement non rénové, mais débloquées sur présentation de travaux.
« Plusieurs chemins sont possibles » pour « partager l’effort » et assurer « l’accessibilité de la transition » pour les ménages et les entreprises, a indiqué Benoît Leguet, directeur de l’I4CE, dont le rapport présenté ce vendredi se veut une « contribution au débat ». L’an dernier, le rapport de référence de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz avait estimé le coût de la transition entre 25 et 34 milliards d’euros d’investissements publics supplémentaires d’ici à 2030 par rapport au budget 2023 (25 milliards d’euros d’investissements).
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