Ce qui suit est une transcription d’une interview avec Isaac Herzog, président d’Israël, sur « Face the Nation with Margaret Brennan » diffusée le 22 septembre 2024.
MARGARET BRENNAN : C’était notre Chris Livesay de Tel Aviv, nous passons maintenant au président d’Israël. Isaac Herzog, bienvenue à « Face The Nation ».
LE PRÉSIDENT D’ISRAËL ISAAC HERZOG : Merci, Margaret, bonjour,
MARGARET BRENNAN : Monsieur le Président, ces derniers jours, Israël a mené une opération sans précédent contre des milliers de combattants du Hezbollah au Liban. Les États-Unis n’ont été prévenus que 20 minutes à l’avance. Depuis, Israël a également mené une frappe à Beyrouth qui a tué des commandants de haut rang du Hezbollah. Quelle est cette stratégie ? Israël tente-t-il de déclencher une guerre ouverte contre le Hezbollah ?
Le Président Herzog : Absolument pas. Nous ne voulions pas cette guerre. Nous ne la cherchons pas. Cette guerre a été menée contre nous par les mandataires de l’empire du mal iranien, le 7 octobre par le Hamas et le 8 octobre par le Hezbollah. Et depuis, depuis le Liban au nord et, bien sûr, depuis le Hamas au sud et dans tout le Moyen-Orient, les mandataires de l’Iran nous attaquent sans cesse. Le Hezbollah nous attaque quotidiennement, démolissant des villages et des villes israéliennes, ce qui a conduit à l’expulsion de 100 000 Israéliens de leurs foyers. La vie a été brisée à notre frontière nord. Je ne pense pas qu’un Américain aurait accepté cela comme une sorte de statu quo aux États-Unis. Et au bout du compte, il y a des choses qui doivent être faites. Le devoir d’un gouvernement ou d’une nation est de prendre soin de ses citoyens et de les ramener chez eux. Et n’oubliez pas, cela fait 252 jours, 352 jours, pardon. 352 jours, deux semaines de moins qu’un an que nos otages ont été capturés. Nous avons 101 otages dans les cachots de Gaza qui attendent et attendent déjà et nous implorons pour eux.
MARGARET BRENNAN : Oui, et les États-Unis poursuivent leurs efforts diplomatiques pour rapatrier ces otages, mais en ce qui concerne ce qui se passe actuellement dans le nord d’Israël, la Maison Blanche soutient qu’une guerre au Liban n’est pas la solution pour ramener ces 100 000 Israéliens chez eux. Ils veulent un accord diplomatique sur cette ligne bleue. Pensez-vous que le gouvernement israélien actuel souhaite un accord diplomatique ?
Président Herzog : Nous n’avons jamais dit que nous ne voulions pas d’accord diplomatique. Au contraire, il y a un envoyé américain très compétent, Amos Hochstein, le conseiller du président, qui essaie de faire des allers-retours entre nous et les Libanais. Mais il faut vraiment comprendre la situation. Quand on a affaire à des organisations terroristes, elles se fichent complètement des affaires internationales. Elles prennent des otages ou tirent autant qu’elles veulent. Elles reçoivent des instructions de Téhéran, elles envoient des terroristes houthis pour bloquer la haute mer et le coût de la vie dans le monde augmente. C’est la culture de la terreur, et c’est la terreur des djihadistes, ce qui signifie qu’ils ne se soucient de rien. Aujourd’hui, nous acceptons à maintes reprises d’entamer des cycles de négociations. Nous soutenons et saluons les efforts des États-Unis d’Amérique et de l’administration. Vraiment. Nous les respectons énormément. Mais au bout du compte, M. Hochstein quitte Israël, et ils continuent à tirer et à tirer, et cela ne peut pas durer éternellement, car nos citoyens doivent rentrer chez eux, car le Libanais, M. Nasrallah, pense qu’il veut lier Gaza à Gaza. Et à Gaza, il y a un autre terroriste de haut rang, M. Sinwar, dans les cachots, qui ne veut pas d’accord, refuse d’en conclure. C’est le djihadisme à son meilleur, et c’est contre cela que nous nous battons. Et je le souhaite, sincèrement, et je le dis officiellement en tant que président d’Israël, et je le dis ouvertement, car je sais que nous ne voulons pas la guerre, mais si elle est menée contre nous, nous irons jusqu’au bout.
MARGARET BRENNAN : Vous dites que vous ne voulez pas la guerre, M. le Président. Israël a déplacé sa 98e division au nord d’Israël cette semaine. Votre ministre de la Défense dit que le centre de gravité se déplace vers le Liban. Quel est le but de ces déplacements militaires, sinon de préparer la guerre ?
LE PRÉSIDENT HERZOG : Parce que ces types que nous avons éradiqués vendredi se rassemblaient dans leur appartement à Beyrouth pour planifier un autre 7 octobre. Ils ont développé cette école de pensée, consistant à envahir Israël, à essayer de prendre des otages, à massacrer…
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MARGARET BRENNAN : – Avez-vous des preuves ?
PRÉSIDENT HERZOG : – violer, brûler, enlever
MARGARET BRENNAN : Avez-vous des preuves qu’une attaque était imminente ?
LE PRÉSIDENT HERZOG : Nous avons ici suffisamment de risques à prendre en compte. Pardon ?
MARGARET BRENNAN : Je suis désolée que vous veniez de le mentionner.
PRÉSIDENT HERZOG : Qu’avez-vous dit ?
MARGARET BRENNAN : Vous avez dit, je crois que les commandants du Hezbollah qui ont été tués lors de cette frappe aérienne israélienne préparaient une attaque. Avez-vous des preuves qu’il y avait une attaque imminente ?
Le Président Herzog : Je ne peux pas vous donner toutes les informations, mais on suppose qu’ils préparaient une attaque. Vous voyez, aujourd’hui. Ce matin, ils ont lancé une série d’attaques contre des villes et des villages israéliens dans toute la partie nord d’Israël. Ils ont bombardé le nord d’Israël avec de grosses bombes et des missiles. Pourquoi une nation quelconque accepterait-elle cela ? Pourquoi une nation décente accepterait-elle cela ? Cela fait presque un an que nous sommes dans une situation de cercle vicieux. Nous voulons sortir de ce cercle vicieux. Et si nous n’avons pas le choix, nous nous préparons à une escalade dans laquelle nous ne voulons pas en arriver là, mais nous devons faire comprendre que cela n’est plus acceptable. Nous ne pouvons plus continuer à nous engager dans ce cercle vicieux.
MARGARET BRENNAN : Et les États-Unis ne veulent pas de cette escalade ni être entraînés dans le conflit. Je voudrais vous poser une autre question sur un autre événement qui vient de se produire cette nuit, Monsieur le Président : l’armée israélienne a effectué un raid et fermé les bureaux d’Al Jazeera, la chaîne d’information, en Cisjordanie occupée pendant 45 jours. Pourquoi Israël réprime-t-il la presse là-bas ?
Le Président Herzog : Je dois vous dire, honnêtement, que je n’en suis pas au courant et je vais vérifier. Nous n’avons pas été informés de cela du tout. Je ne sais donc pas exactement de quoi vous parlez et je voudrais que vous me permettiez d’étudier cette question. Elle n’a pas été vraiment largement évoquée ici, car ce que nous voyons en Israël, bien sûr, ce sont des maisons qui sont incendiées et détruites. Et vous savez, et n’oubliez pas, que ces missiles sont mortels. Nous n’oublions pas les 12 enfants qui ont été tués lors d’un match de football il y a à peine deux mois, alors qu’ils jouaient au football, des enfants druzes qui jouaient avec des amis musulmans, juifs et chrétiens. Toute la belle mosaïque du nord israélien. Et c’est pourquoi nous devons nous assurer que nos citoyens ne sont plus menacés.
MARGARET BRENNAN : Je voudrais vous poser la même question, car les États-Unis et Israël sont très proches et certaines décisions prises par votre gouvernement suscitent des inquiétudes aux États-Unis. La semaine dernière, l’AP a diffusé des images choquantes tournées en Cisjordanie, où des soldats israéliens ont poussé les corps de Palestiniens du toit d’immeubles. La Maison Blanche a déclaré qu’elle voulait une enquête, car il s’agit d’un comportement « odieux et flagrant ». Comment répondez-vous à ces inquiétudes de la part de l’un de vos plus proches alliés, qui estime qu’Israël pourrait aggraver le risque d’escalade ?
LE PRÉSIDENT HERZOG : Nous écoutons donc notre plus proche allié, en toute franchise et en toute transparence. Si les faits se sont déroulés comme prévu, une enquête est en cours, car nous sommes un pays de droit. Nous prendrons bien entendu toutes les mesures nécessaires. Nous condamnerons ces actes et utiliserons toutes les mesures juridiques nécessaires, mais nous étudions la situation car nous sommes une armée et un peuple sérieux, et nous étudions et enquêtons sur nous-mêmes autant que nous le pouvons. Nous sommes une démocratie, où des centaines de milliers d’Israéliens manifestent chaque week-end contre le gouvernement. C’est le droit fondamental de tout être humain dans notre pays. Nous sommes une démocratie très agressive, active et bruyante, et je suis très fier de notre nation, qui, parallèlement à cela, mobilise des dizaines et des milliers d’Israéliens de 18 à 96 ans qui se sont réellement mobilisés et se sont portés volontaires pour aller se battre et se battre, tout cela pour une seule et même raison. Tout ce que nous voulons, c’est vivre en paix, et nous le méritons comme toute autre nation, mais le régime iranien avec son idéologie djihadiste est de leur côté, il veut lancer toute une campagne contre nous. Et je pense que c’est le véritable tournant dans le monde. Le monde doit arrêter cela. Le monde doit être avec nous, et le monde doit comprendre que nous nous battons pour le monde libre, et nous devons ramener nos otages chez eux dès que possible. C’est la plus grande détresse de l’humanité à l’heure actuelle.
MARGARET BRENNAN : Et je sais que beaucoup de gens espèrent que ces otages, y compris les quatre Américains restants, rentreront chez eux. Avant de vous laisser partir, pensez-vous que les efforts du président Biden pour négocier cet accord sur les otages ne sont qu’un vœu pieux à ce stade ? Cela constituera-t-il un problème pour le prochain président américain ?
PRÉSIDENT HERZOG : Je dois dire que j’ai un immense respect pour les efforts du président Biden et que nous l’avons soutenu de tout cœur. Mais comme le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, le général Kirby, l’a dit l’autre jour, nous ne recevons aucun signe positif du Hamas. Sinwar est dans les cachots, en train de prendre ce que nous pensons de nations et de peuples libres et aimants. Il pense le contraire. Mais je dirais que l’appel à la famille des nations dans cette crise actuelle, qui fait rage, est peut-être en fait l’occasion d’aller de l’avant et de changer la situation en trouvant la bonne issue et en ramenant les otages chez eux.
MARGARET BRENNAN : Monsieur le Président, merci pour votre temps ce matin.
LE PRÉSIDENT HERZOG : Merci beaucoup.
MARGARET BRENNAN : Nous revenons tout de suite.