Le 8 mars, cette année, a un goût de victoire. Pour la Journée internationale des droits des femmes et non de « la femme », comme on le dit encore trop souvent comme s’il s’agissait d’offrir des fleurs, l’inscription dans la Constitution du droit à l’IVG est le résultat d’un long, très long combat, marqué par de multiples souffrances qu’on ne saurait oublier.
Dans ces temps où ce droit est menacé comme jamais dans de multiples pays, dont les États-Unis pris dans une spirale régressive sans précédent, le vote du Parlement français est un signal fort adressé au monde par une France qui semble là se souvenir du message universel que portait la Révolution. Mais on ne saurait être quittes. Ni Emmanuel Macron, ni Gabriel Attal ne peuvent s’en honorer quand les conditions matérielles de ce droit ne sont pas assurées, particulièrement dans les déserts médicaux.
Cette victoire vient après la levée de l’omerta dans le cinéma par des voix courageuses comme celle de Judith Godrèche, après d’autres comme celle d’Adèle Haenel pendant la cérémonie des Césars. Mais là non plus, on ne saurait en rester là. Elles ont pu parler. Combien d’autres restent assignées au silence. Dans le milieu du cinéma, sans doute, mais dans les usines, dans les bureaux, dans les familles même.
C’est le reflet, quoi qu’en disent la droite et l’extrême droite, d’une situation structurelle héritée de siècles de domination masculine et patriarcale. Une domination qui s’exprime aussi dans les inégalités salariales avec globalement des écarts de revenus allant jusqu’à 23,5 %. Des inégalités qui se conjuguent avec les rapports de pouvoir à tous les niveaux de la société, allant jusqu’au choix des carrières quand trop de jeunes femmes pensent que certaines professions ne sont pas « pour elles ».
Il ne s’agit pas seulement de la France. Dans le monde, les femmes bénéficient de moins des deux tiers des droits juridiques reconnus aux hommes. Plus de la moitié des pays n’envisagent même pas d’établir, à moyen ou long terme, l’égalité salariale. Et comment ne pas penser aux femmes et aux fillettes d’Iran, d’Afghanistan. Le combat, les combats pour les droits des femmes sont ceux de toutes et tous. Il s’agit de ceux de l’humanité.