Par Maryse Dumas, syndicaliste
Comment connaître et défendre ses droits ? Comment se faire entendre et respecter ? Comment construire des actions collectives ? Ces questions se posent d’une manière générale à l’ensemble des salarié·es, mais encore plus à celles et ceux travaillant dans les très petites entreprises, c’est-à-dire comprenant moins de dix employé·es et, pour la majorité d’entre elles, moins de trois. La petite taille est, en effet, très souvent synonyme de moindre accès aux droits. Les relations sociales se font souvent de gré à gré avec l’employeur, avec tout ce que cela comporte de risques de pressions psychologiques et matérielles. Dépasser cette situation par la représentation syndicale collective est l’un des enjeux de l’élection qui se déroule jusqu’au 9 décembre 2024. Elle concerne 5 millions de salarié·es, y compris celles et ceux dont l’employeur est un particulier, les assistantes maternelles par exemple.
Elle a pour objet de participer, par addition avec les autres élections d’entreprises, à la détermination du poids, dans les branches et au plan national interprofessionnel, de chaque organisation syndicale. La représentativité ou non, de chacune en découle, c’est-à-dire la possibilité pour telle ou telle de négocier et signer des accords collectifs applicables à l’ensemble des salarié·es, donc à construire du droit. Cette élection a aussi pour enjeu de désigner des représentants syndicaux dans des commissions régionales interprofessionnelles dont le rôle est de renseigner employeurs et salariés sur les droits et possiblement de les faire bouger, en particulier sur la question déterminante de leur effectivité pour un maximum de personnes.
Enfin, troisième enjeu, participer à la désignation des conseillères et conseillers prud’homaux, dont on connaît le rôle crucial pour défendre les salarié·es dans les conflits multiples qui les opposent à leurs employeurs : non-respect des règles de licenciement, heures supplémentaires non ou mal payées, conditions de travail accidentogènes, etc. Autant dire une élection majeure aux enjeux multiples, mais peu perçus. 5 % seulement des salarié·es concerné·es ont participé au scrutin précédent. Peu et mal informé·es, ils et elles, la plupart du temps, ne savent même pas que cette élection a lieu et en quoi elle est importante. L’engrenage est terrible : moins de militantes et militants signifie moins de mobilisation électorale. Moins de participation électorale conduit à une moindre capacité à faire respecter les droits, donc à un doute plus important sur l’efficacité de l’action syndicale, donc à de plus grandes difficultés de syndicalisation, qui pèse en négatif sur le respect et la conquête de droits.
Rompre ce cycle infernal, c’est la volonté de la CGT. Elle multiplie les rencontres avec les salarié·es concerné·es et se met à leur disposition pour, avec elles et eux, améliorer leurs conditions de travail et de vie. Et il y a de quoi faire : durées de travail à rallonge, heures supplémentaires régulières, pas toujours rémunérées à leur juste valeur, forte aspiration à une 6e semaine de congés payés, faibles perspectives d’évolution professionnelle et salaire pas à la hauteur, c’est ce qui ressort de la consultation engagée par la CGT auprès de ces salarié·es. Là sont les questions principales sur lesquelles elle mène une campagne à la fois électorale et revendicative qui, au-delà des TPE, nous concerne toutes et tous.