« L’issue tient à un fil : l’engagement de Renault. » Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, plusieurs responsables syndicaux dont Sophie Binet (CGT) et François Hommeril (CFE-CGC), ainsi que des élus de Bretagne, appellent le président de la République à intervenir auprès de Renault pour que le constructeur s’engage à maintenir des commandes jusqu’en 2028 auprès de la Fonderie de Bretagne (FDB), menacée de fermeture.
Les signataires de cette missive rappellent que le site « a été construit par et pour Renault après un long combat au début des années 1960 ». L’usine bretonne, qui emploie 350 personnes à Caudan (Morbihan), est toujours spécialisée dans la fabrication de pièces en fonte pour l’automobile. Bien que vendue au fonds allemand Callista en 2022, la marque au losange est restée son principal client. De cette manière, en 2024, les commandes du constructeur automobile français ont représenté 95 % du chiffre d’affaires de son ancienne filiale.
Alors que l’actuel propriétaire avait promis de « rétablir l’équilibre financier à l’horizon 2025 », il a annoncé l’année dernière sa volonté de vendre le site. Depuis juillet, Callista est entré en négociations avec le fonds d’investissement allemand Private Assets en vue d’une cession.
Ce dernier s’est engagé « à apporter 11 000 tonnes par an de productions nouvelles (…) permettant de sortir rapidement de la dépendance commerciale envers le secteur de l’automobile ». De surcroît, l’État et la région Bretagne se sont respectivement engagés à verser 14 millions d’euros et 2 millions d’euros, lors d’une réunion de la dernière chance lundi 16 décembre, entre l’État et le constructeur automobile français.
Un désengagement fatal
Pour boucler le plan de sauvetage, il ne manquait plus que l’engagement de Renault à assurer ses commandes jusqu’en 2028, ce que le constructeur a annoncé refuser vendredi 20 décembre. « Tout le monde a fait sa part : l’État, la région et même Private Assets qui a remis 1,5 million sur la table pour montrer qu’il était déterminé à reprendre l’entreprise. Mais pas Renault, qui cherche constamment une excuse pour ne pas poursuivre avec nous », s’était agacé auprès de l’Humanité Maël Le Goff, délégué syndical CGT de la FDB.
Le « désengagement soudain » du constructeur fait peser la menace d’une fermeture de l’usine, écrivent les signataires. Ces derniers déplorent le refus de Renault « de garantir la moindre part de marché à FDB, préférant délocaliser sa production en Turquie, en Espagne et au Portugal ». « Nous refusons que la fermeture de la Fonderie de Bretagne devienne le symbole de la désindustrialisation du pays et de l’impuissance de l’État à se faire respecter par les grands groupes français », insistent les responsables syndicaux et politiques.
Un désengagement au goût amer pour les signataires qui rappellent que « le groupe a touché 298 millions d’euros d’aides publiques en 2023 et a bénéficié d’un prêt garanti par l’État de 4 milliards pendant le Covid ». Par ailleurs, l’État français détient également 15 % du capital du constructeur, « il dispose donc de leviers pour imposer à Renault de jouer le jeu du made in France », concluent les signataires de la lettre.
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