Après avoir atteint, pour la première fois de son histoire, 19 milliards d’euros de profit en 2022, puis 19,8 milliards en 2023, dopé par la flambée des prix engendrée par le Covid et la guerre en Ukraine, le géant du CAC 40 TotalEnergies voit son bénéfice net reculer de 26 % sur l’année 2024. Il représente tout de même la somme de 15,2 milliards d’euros. En cause ? « L’environnement pétrolier et gazier a été moins bon » et les marges de raffinage sont « en fort repli », s’est justifié le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné.
La nouvelle risque d’être mauvaise pour le climat. Bien que le pétrolier français envisage d’investir de 17 à 17,5 milliards de dollars en 2025, il entend réduire la part dédiée à financer les « énergies bas carbone », essentiellement pour l’électricité, de 500 millions de dollars (de 5 à 4,5 milliards).
« La production d’énergie à partir d’hydrocarbures (pétrole et gaz) continue de représenter près de 97,4 % de la production d’énergie globale de TotalEnergies », souligne Greenpeace dans un communiqué. Elle n’est d’ailleurs pas la seule entreprise à revoir à la baisse son budget en ce sens. Depuis 2023, BP et Shell ont annoncé sabrer dans leurs investissements alloués à la transition énergétique.
Dividende en hausse de 7,6 %
Le conseil d’administration, qui s’est réuni mardi, n’a en revanche pas oublié de nourrir ses actionnaires. Malgré une chute des profits, une hausse de 7,6 % des dividendes au titre de l’année 2024 par rapport à 2023 a été annoncée. Patrick Pouyanné a également fait savoir qu’il maintiendrait le rythme des rachats d’actions à 2 milliards d’euros par trimestre, de quoi rassurer les possédants. En 2024, les 40 plus grands groupes français ont versé 98,2 milliards d’euros à leurs actionnaires, estime la CGT dans un tract publié fin janvier.
« Ces résultats annuels démontrent la cupidité sans limite des entreprises polluantes comme TotalEnergies. Faute de politiques publiques ambitieuses pour réglementer le secteur, TotalEnergies continue de miser sur les énergies fossiles et met en péril nos conditions de vie sur Terre pour maximiser sa profitabilité et rémunérer ses actionnaires », fustige Sarah Cleaver, chargée de campagne climat chez Greenpeace France dans un communiqué.
Le patron du mastodonte centenaire n’a, par ailleurs, pas loupé l’occasion pour donner raison au dirigeant de LVMH, Bernard Arnault, quant à la surtaxe ponctuelle des bénéfices de certaines grandes entreprises, prévue dans le projet de budget de l’État, estimant qu’elle revenait à une « surtaxe sur le made in France ». Pourtant, il est assez probable que Total y échappe, en raison du fort recul de son activité de raffinage en France en 2024 – ce qui devrait aussi réduire à néant ou presque son impôt sur les sociétés.
Patrick Pouyanné a tenu à rappeler qu’il paierait en outre « plus de 2 milliards de taxes et autres à l’État français en 2024 ». Un montant qui comprend les « impôts et taxes de toute nature », les cotisations sociales patronales et la retenue à la source sur les dividendes versés aux actionnaires étrangers.
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