Triple champion olympique de canoë slalom, Tony Estanguet sait ce que ramer veut dire, y compris à contre-courant. Une qualité qu’il met régulièrement à profit comme président du Comité d’organisation des jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop) de Paris 2024.
Alors que l’événement débute dans à peine plus de trois mois, ces Jeux continuent de susciter plus de critiques que d’engouement dans le cœur des Français : billets hors de prix, inquiétudes sur les transports ou la sécurité de la cérémonie d’ouverture, polémique sur les salaires…
L’Humanité a interrogé Tony Estanguet sur tous les sujets qui fâchent. S’il reconnaît volontiers être « sous pression », l’ancien champion de 45 ans n’a éludé aucune question, conservant son sourire et une farouche volonté de convaincre.
Plus l’échéance approche, plus les polémiques se multiplient. Avez-vous le sentiment que les Français sont trop critiques vis-à-vis de ces Jeux ? En clair, qu’ils boudent leur plaisir ?
Accueillir 200 pays, 15 000 athlètes, 54 sports différents en deux semaines, c’est un événement extraordinaire, unique pour la France. On fait tout pour que ce soit une source de plaisir. Mais on savait bien que cela susciterait beaucoup d’inquiétudes et d’interrogations.
Je peux comprendre cet état d’esprit circonspect, mais je le trouve en décalage avec mon quotidien. Je passe mes journées à rencontrer des athlètes, des scolaires, des partenaires économiques, qui affichent, eux, enthousiasme et envie. Comme souvent, on accorde plus d’importance à ce qui dérange. Mais beaucoup de gens sont impatients que ces Jeux démarrent.
Parmi les dossiers qui fâchent, il y a les transports. L’Humanité a révélé que de nombreuses lignes ne pourront répondre à la surcharge de fréquentation prévue pour les Jeux. Cela vous inquiète-t-il ?
Il y a deux sujets très importants pour réussir ces Jeux : la sécurité et les transports. On va accueillir des millions de personnes, on doit être au rendez-vous dans ces deux domaines. La RATP, Île-de-France Mobilités et la SNCF ont fait un immense travail pour être à la hauteur du rendez-vous. Ensuite, tout n’est pas lié aux Jeux.
Quand on a su que les lignes 16 et 17 du Grand Paris allaient prendre du retard, on s’est adaptés et on a modifié certains sites de compétition. Nous n’avons jamais rien imposé aux pouvoirs publics. Mais les Jeux ont entraîné une dynamique. Il y aura un avant et un après-JOP en matière de transports.