Si on regarde Tesla comme un constructeur automobile, alors l’entreprise a du plomb dans l’aile. Les ventes sont en légère baisse, il y a des dizaines de milliers de voitures en stock qui ne trouvent pas preneur, si bien que l’entreprise se voit contrainte de baisser les prix pour les écouler… L’annonce du plan de licenciement massif à l’échelle mondiale peut donc ainsi s’expliquer. « Nous avons effectué une analyse approfondie et pris la décision de réduire nos effectifs de plus de 10 % au niveau mondial », a envoyé par mail aux salariés Elon Musk.
Il y avait des signes avant-coureurs. Selon Bloomberg, les managers s’étaient ainsi vus demander de justifier le poste de chacun de leurs employés. Quant aux primes au mérite, affectionnées par le patron, elles étaient gelées. « Nous devons simplement rechercher chaque centime possible », avait annoncé le directeur financier, le 24 janvier. Mais, Tesla se voit aussi critiquée pour avoir abandonné, il y a une dizaine de jours, l’idée de produire une voiture électrique relativement accessible (25 000 dollars), au profit du chinois BYD, devenu premier constructeur mondial de véhicules électriques en volume.
Un mail et puis c’est tout
Elon Musk, lui, évoque plutôt « l’inefficacité du recrutement due à une croissance rapide » et hausse les épaules : « Tous les cinq ans, environ, nous devons réorganiser et rationaliser l’entreprise pour la prochaine phase de croissance. » En réalité, il est plutôt intéressé par la future installation de la plateforme logicielle de Tesla concernant la conduite autonome de niveau 5. Il compte la présenter le 8 août, avec une offre de taxis-robots. « Ce sera surhumain », promet-il sur X. Même s’il n’y a que quelques endroits en Californie et en Chine où ce type de véhicule a l’autorisation de rouler. Ce lundi 15 avril, jour où il a envoyé son mail annonçant le plan de licenciement, il lançait une promotion sur les abonnements logiciels à 100 dollars par mois, permettant la conduite autonome pour ses Tesla compatibles.
Dès le départ, l’objet voiture était plutôt un prétexte, voire une contrainte pour le patron du constructeur. Ses véhicules sont pensés comme des smartphones : des supports logiciels et des aspirateurs à données – chaque voiture étant truffée de capteurs. Ce sont aussi des moyens de financer ce qui intéresse réellement le patron : des technologies électriques et de l’intelligence artificielle. Selon le mythe fondateur de Tesla, d’ailleurs (occultant par là qu’il a racheté l’entreprise mais ne l’a pas créée), Elon Musk voulait avant tout accélérer la transition vers les énergies renouvelables.
Quelle que soit la stratégie du patron, l’annonce n’en reste pas moins violente pour les salariés, qui n’ont reçu qu’un mail global, lundi. Selon des premiers témoignages recueillis par Business Insider, des employés ont compris qu’ils étaient concernés dès ce mardi matin, à l’embauche, en voyant leur badge désactivé… Les salariés européens, de la gigafactory de Berlin en particulier, redoutent d’être particulièrement touchés à cause des grèves et du sabotage récent qui a frappé le site, revendiqué par un groupe écologiste.