Dans la petite cellule à la peinture écaillée, un grand morceau de tissu suspendu à un fil noir sert de séparateur entre la chambre et des sanitaires. Les trois codétenus n’avaient aucune envie de se doucher sous les regards des deux autres et des invités potentiels dans la pièce exiguë. « Un peu d’intimité quand même », chuchote l’un d’eux, attablé devant un plat de haricots blancs. Il désigne du doigt son couchage, un matelas disposé à même le sol, quelques cartons servent de sommier de fortune.
Environ 80 autres détenus de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) subissent le même sort, plus aucun lit n’étant disponible. Les quatre bâtiments de la prison, édifiée il y a 33 ans, ont une capacité d’accueil totale de 582 personnes. 1 274 y vivent. Le taux d’occupation atteint un triste de record de plus de 200 % – la moyenne nationale est d’environ 150 %.
Pascal Spenlé, chef de l’établissement, est le premier à le déplorer auprès de Fabien Gay, sénateur PCF de Seine-Saint-Denis (et directeur de l’Humanité), venu, vendredi, y exercer son droit de visite. « L’idéal serait qu’aucune personne ne dorme par terre, sur un matelas, bien sûr », reconnaît Pascal Spenlé. Au moment de sa construction, le bâtiment a été conçu pour accueillir une ou deux personnes maximum dans les cellules. Une trentaine d’années après, elles sont parfois trois ou quatre dans ce même espace.