Bezannes (Marne), envoyé spécial.
De 2,5 centimètres à la fois, le mur s’élève. Deux ingénieurs, casque de chantier sur la tête et tablette numérique à la main, suivent tranquillement l’imposante tête d’imprimante qui dépose son boudin de béton. Couche par couche, un immeuble de 12 appartements est imprimé in situ depuis le 17 mars à Bezannes, dans la banlieue de Reims (Marne), une première en Europe.
À la couleur, on distingue bien ce qui a été imprimé ce vendredi matin de ce qui a été fait la veille : les murs s’élèvent de 80 centimètres par jour environ. Le bailleur social Plurial Novilia avait déjà inauguré non loin de là des maisons dont les murs avaient été imprimés en entrepôt, puis livrés avant d’être assemblés. C’est encore lui qui a commandé cet immeuble d’habitation dont l’ampleur du chantier est aussi sans commune mesure.
Adapter l’encre à la météo en temps réel
La tête d’impression repose sur un imposant portique robotisé qui couvre les 12 mètres de largeur du futur immeuble et s’élève à près de 11 mètres pour imprimer jusqu’en haut du deuxième étage. « Le portique est modulaire, par éléments de 2,5 mètres, nous explique Fabian Meyer-Brötz, le patron de Peri 3D Construction, l’entreprise allemande qui fournit la technologie. Démonté, il loge dans un camion et repartira cet été en Allemagne pour imprimer un immeuble de bureaux. » Sur sa longueur, le portique ne couvre que la moitié du futur bâtiment. Sur l’autre moitié, où un premier étage a été imprimé en deux petites semaines, trois ouvriers s’occupent de l’électricité et de la pose du plancher.
S’il est impressionnant, le chantier est aussi silencieux. Les déplacements de la tête d’impression sur le portique sont couverts par le ronronnement de la centrale à béton. Car il faut alimenter en continu cette imprimante géante dont trois ouvriers ont la charge. La base de l’encre est constituée d’un