Le public a trouvé portes closes au musée de Cluny, ce samedi 23 novembre, jour de grosse affluence. « En raison d’un mouvement social, le musée est fermé (…). Nous nous excusons pour la gêne occasionnée », explique dans un message laconique publié sur son site Internet, la direction du musée parisien dédié au Moyen Âge, qui expose actuellement la très convoitée exposition Faire parler les pierres, sur les fragments de statuaire retrouvés au cours de la reconstruction de Notre-Dame.
Le même message avait été publié mardi 19 et mercredi 20 novembre et risque bien de devenir récurrent, vu la détermination des agents d’accueil et de surveillance en grève face à une direction qui semble faire la sourde oreille à leurs revendications. En cause : des dysfonctionnements persistants dus à des sous-effectifs chroniques – au point où le musée est depuis plusieurs mois régulièrement contraint de fermer des étages au public – et des conditions de travail de plus en plus dégradées, particulièrement depuis la réouverture du musée en mai 2022.
Plus de deux tiers des effectifs ont jeté l’éponge en deux ans
En deux ans, près de 29 salariés, soit plus de deux tiers des effectifs, auraient ainsi jeté l’éponge, estime Nathalie Ramos, secrétaire générale du Syndicat national des musées et domaines de la CGT (SNMD). Selon la syndicaliste, si des dysfonctionnements existaient bien avant la fermeture pour travaux du musée, ils auraient pris une ampleur considérable depuis l’arrivée de la nouvelle direction qui a pris les commandes en 2022. « Auparavant, on arrivait tout de même à discuter, à trouver des solutions, là on a affaire à un pseudo-dialogue social, sans aucune écoute », dénonce Nathalie Ramos, qui a travaillé pendant onze ans au sein du musée et évalue que, depuis sa réouverture, il manquerait huit agents pour assurer un fonctionnement normal de l’établissement.
À ces problèmes de sous-effectifs, qui au quotidien empêchent une partie des salariés d’avoir une réelle pause déjeuner, de poser librement leurs congés, ou encore de solliciter des temps de formation, s’ajouterait une précarisation croissante des emplois, avec un recours massif à des contractuels et des vacataires, sur des postes à besoins permanents. « À la veille de la fin de leur contrat, certains ne savent pas s’ils seront reconduits ou non. D’autres encore n’ont pas reçu de salaire depuis trois mois », pointe encore la représentante syndicale.
Précarisation des emplois
Une précarité sciemment entretenue par la direction qui l’exploiterait, selon Nathalie Ramos, comme moyen de faire pression sur ces agents soumis à l’incertitude du lendemain, en les incitant notamment à multiplier les heures supplémentaires ou encore à assurer des nocturnes au musée.
« Il y a eu un investissement financier pour ces travaux et on pouvait espérer, quand investit autant d’argent, que ce serait pour apporter un mieux. Or, c’est tout le contraire. On veut nous habituer à fonctionner en mode dégradé », pointe encore la syndicaliste. Une désillusion qui explique en partie le climat de défiance de la part d’agents, « qui sont d’autant plus déterminés qu’ils se sentent méprisés ».
Le préavis de grève lancé par la CGT a été reconduit jusqu’au 31 décembre 2024, au musée de Cluny, mais aussi dans tous les autres musées parisiens également confrontés notamment au problème chronique de sous-effectifs.
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