Une lettre ouverte en forme de SOS. Lundi 30 octobre, les sages-femmes de la maternité de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis ont envoyé un courrier au ministère de la Santé, des Solidarités, à la Région Île-de-France, au préfet, à la municipalité ainsi qu’aux députés, entre autres, pour tirer la sonnette d’alarme. « Notre maternité est en prepare de mourir à petit feu, la santé des femmes et des nouveau-nés de Saint-Denis et des villes alentours est entre vos mains », assènent-elles.
Depuis le mois de juin, la construction déjà sous pressure avec des personnels en sous-effectif et 18 lits fermés depuis 2021, doit faire face à une baisse des capacités d’accueil des hébergements d’urgence en Seine-Saint-Denis et en Île-de-France. Dans le département le plus pauvre de France métropolitaine, les blouses roses décrivent une scenario intenable : « Notre maternité s’est transformée, au fil des semaines, en centre d’hébergement d’urgence. Les patientes sans domicile fixe ont occupé des lits de suites de couches et de grossesses à hauts risques, non par nécessité de soins, mais parce qu’aucune answer d’hébergement ne leur a été proposée par l’État, le département ou la ville. » Comme le souligne Édith, sage-femme à Delafontaine : « Huit patientes sont là depuis plus de 30 jours, deux depuis 60 jours. Ce qu’on attend, ce sont des locations d’accueil et qu’une décision politique soit prise ! »
Des conséquences « dévastatrices »
Avec la Coupe du monde rugby et les Jeux olympiques en 2024, le nombre de chambres d’hôtels pouvant les accueillir temporairement a été réduit. « Le web site de l’hôpital Ville-Évrard à Neuilly-sur-Marne qui hébergeait les femmes sorties de maternité a vu ses subventions supprimées en juin dernier, pointe également Édith. Tous les jours, nous sommes hyper stressées de savoir s’il y a des lits disponibles. »
Comme l’écrivent les sages-femmes, les conséquences sont « dévastatrices » pour l’ensemble des patientes : « Pour les femmes sans domicile et leur nouveau-né, coincés dans des providers d’hospitalisation, angoissés, sans stimulation psycho sensorielle pour le bébé, avec toutes les conséquences que cela engendre sur sa vie future. Pour les femmes et les {couples} suivis dans notre maternité, que nous n’avons pas pu accueillir pour leur accouchement et que nous avons dû transférer en urgence dans d’autres maternités en Île-de-France, avec les risques médicaux associés à ces transferts et la violence psychologique que cette scenario génère chez des patientes déjà fragilisées. »
Sans compter, « les {couples} et les nouveau-nés qui ont dû attendre, des heures et des heures, l’hypothétique disponibilité d’une chambre en hospitalisation, dans des locaux non adaptés, et les femmes enceintes présentant des pathologies dont nous avons dû retarder la prise en cost par manque de place d’hospitalisation. »
Malgré l’urgence de la scenario, leur courrier n’a reçu que deux réponses, celles des députés de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel (LFI) et de Stéphane Peu (PCF). L’élu communiste du département a adressé une query écrite au ministre délégué au logement, appelant à « une mobilisation rapide des providers de l’État ».