« SOS Océan » : le sommet international des 30 et 31 mars à Paris clame l’urgence dans son intitulé. Reste à savoir si ce premier jalon, préparatoire à la troisième conférence des Nations unies sur les océans (Unoc) qui doit se dérouler à Nice (Alpes-Maritimes) en juin, sera suivi d’effets.
Peu d’informations ont circulé sur cet événement coorganisé par l’État français et deux fondations, Bloomberg Philanthropies et Oceano Azul : communication réduite, site Internet aux liens inactifs… Étrange opacité pour un sommet présenté comme un appel « à un plan d’action ambitieux pour répondre aux défis majeurs de l’océan » sur le site du ministère de la Transition écologique.
« Les scientifiques sont alignés avec les ONG »
Emmanuel Macron et Luis Montenegro, le premier ministre portugais, pays hôte de la précédente session de l’Unoc, avaient appelé à un « haut degré d’ambition » pour les océans lors d’une déclaration conjointe à Lisbonne, le 27 février. De fait, tant l’ambition que des actions substantielles sont attendues dès ce sommet.
Et le discours du président de la République, qui le clôturera ce lundi, sera scruté, comme l’a rappelé Claire Nouvian, présidente de Bloom, lors d’un événement avec des ONG de la coalition Protect our Catch le 25 mars : « La rationalité est de notre côté, les scientifiques sont alignés avec les ONG. Les recommandations sont établies. On attend très clairement des annonces. »
D’autant que, si l’accord pour la biodiversité de Kunming-Montréal fixe un objectif de 30 % de la surface maritime protégée d’ici à 2030, la protection des océans à la française ne fait pas l’unanimité. La semaine dernière à Bruxelles, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a réaffirmé que « la France soutiendra une vision au cas par cas » plutôt qu’une interdiction totale de la pêche dans les aires marines protégées.
De quoi indigner Claire Nouvian : « La France non seulement ne fait pas le boulot, mais en plus assume sa position, en tant qu’hôte d’une conférence des Nations unies, de détruire la norme de la protection internationale. C’est antiscientifique, antiécologique et absolument désastreux. »
« Déforestation marine »
Dans le viseur des ONG, des méthodes de pêche industrielle, notamment le chalut de fond qui détruit toutes les espèces sur son passage. Et conduit à une véritable « déforestation marine », selon Raphaël Seguin, doctorant en écologie marine, qui représenterait 4,7 millions de kilomètres carrés par an et dont « près d’un quart se déroule à l’intérieur des aires marines protégées ».
Alors que les chalutiers industriels ne représentent que 3,4 % de la flotte française, ils sont responsables de près de la moitié des captures. Une captation des ressources nuisible à la pêche artisanale, mais évitable, explique Didier Gascuel, chercheur au sein de l’Institut Agro : « Cette affirmation qu’il n’existe pas d’alternative au chalut est un mythe total. »
Sur les 94 000 tonnes produites par les chaluts de fond, 85 % seraient transférables sur d’autres méthodes, selon les travaux qu’il a coréalisés et sur lesquels s’appuie Bloom dans un nouveau rapport. Dans ce contexte, l’Unoc représente l’espoir d’un changement. « SOS Océan » devrait donner une idée de ce qu’il sera possible d’en attendre.
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