Une enquête d’opinion relativisée par la candidate de la gauche pour Matignon, encore inconnue du public il y a quelques jours. Le Nouveau Front populaire accentue, lui, la pression sur Emmanuel Macron pour qu’il la nomme à la tête d’un gouvernement.
Le bras de fer est engagé. Lucie Castets, candidate désignée par le Nouveau Front populaire (NFP) pour le poste de Première ministre, s’est dite “déterminée”, jeudi, à accéder à Matignon, accentuant la pression sur le chef de l’État.
“Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête (des élections législatives) et la logique institutionnelle, c’est que le président de la République forme un gouvernement sur la base de ces résultats. L’idée, c’est bien d’exercer ces responsabilités et j’y suis déterminée”, a martelé la haute fonctionnaire de 37 ans sur BFMTV, en promettant, si elle arrive au pouvoir, d’abroger la réforme des retraites et de “tourner le dos à la manière brutale et autoritaire” du locataire de l’Élysée.
Sans exclure, pour autant, un recours au 49.3.
“Condamnés à réussir”
Dans le camp Macron, on préfère plutôt relever des zones de flou dans son positionnement autour du nucléaire ou du Proche-Orient et la présence jugée problématique de ministres LFI dans une éventuelle équipe gouvernementale.
La coalition de gauche prépare “un gouvernement de combat”, fait valoir Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes. “Nous sommes condamnés à réussir, et on va le faire en transparence à l’Assemblée nationale”, explique-t-elle, refusant toujours les alliances avec le centre et la droite, alors que le NFP ne possède pas de majorité absolue à l’issue des législatives.
“Une forme de détournement”
Les Français veulent une trêve politique pour les JO Le coordinateur de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard, exhorte, cependant, le président de la République à “prendre acte du résultat des élections législatives”.
“Les Français ont voté et il doit en tenir compte. Sinon, il sera responsable d’une situation de chaos et il devra partir”, assure-t-il.
Manuel Bompard voit même dans le maintien prolongé d’un gouvernemental démissionnaire, “une forme de détournement”.
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a d’ailleurs joint le geste à la parole en saisissant le Conseil d’État pour dénoncer les récentes nominations au sein de l’administration centrale, pointant “un potentiel abus de pouvoir”.
Le gouvernement, insiste-t-il dans un communiqué publié mercredi soir, “est reconnu démissionnaire et doit uniquement gérer les affaires courantes”.
Les Français favorables à une “trêve politique” pendant les JO
Ouverte le 18 juillet, la XVIIe législature de l’Assemblée nationale est désormais en pause forcée alors qu’Emmanuel Macron a décrété une “trêve olympique”, jusqu’à la mi-août.
Le NFP ne renonce cependant pas à faire entendre sa voix d’ici-là. Mais 59 % des Français sont favorables à cette pause politique pendant les Jeux Olympiques, selon une enquête Elabe pour BFMTV, publiée jeudi. Ils sont quasiment autant (58 %) à ne pas vouloir de Lucie Castets à Matignon.
Sondage dont la candidate de la gauche a une tout autre lecture : “Il y a 48 heures, j’étais totalement inconnue des Français. Aujourd’hui, 41 % disent qu’Emmanuel Macron doit me nommer”, a réagi, jeudi, Lucie Castets.