Aussi aberrant que cela puisse sembler, l’édulcorant sucrant aspartame est bel et bien toujours autorisé depuis 1988 en France. Et pourtant, la substance est classée comme « cancérogène possible pour l’être humain » depuis 2023 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’additif, repérable sur les étiquettes à son numéro E 951, est présent dans plus de 6 000 produits, comme les sodas « zéro » (Coca-Cola Zero, Pepsi Max, Sprite Zero) mais aussi les yaourts Yoplait 0 %, les produits laitiers Lindahls de Nestlé, les boissons « pour sportifs » Powerade ou encore les chewing-gums Mentos…
Une aberration contre laquelle une pétition est lancée, ce mardi 4 février, lors de la Journée mondiale contre le cancer. L’ONG Foodwatch, l’association la Ligue contre le cancer et l’application de nutrition Yuka y réclament l’interdiction de cet additif qui, en plus d’être potentiellement cancérogène, peut également entraîner des risques liés à des « maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, neurotoxicité et effets négatifs sur le microbiome intestinal », selon un rapport publié ce mardi par Foodwatch.
« Nous demandons à nos décideurs politiques de prendre leurs responsabilités »
D’autant que 40 % des Européens interrogés consomment régulièrement des produits contenant de l’aspartame, plaident les trois organismes, selon un sondage de l’institut d’études YouGov pour Foodwatch. « Il y a donc là un enjeu de santé publique », plaident les trois organismes dans un communiqué.
Ainsi, la pétition en question, diffusée dans onze pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse) a pour but de « faire pression sur les institutions européennes afin d’interdire cet additif et demander aux États membres de l’Union Européenne d’agir » en selon le principe de précaution, peut-on lire dans un communiqué commun. « Puisqu’il n’est pas prouvé aujourd’hui que l’aspartame est sûr pour la santé, il ne devrait plus être autorisé sur le marché européen », interpellent les associations.
En d’autres termes, il n’y a « aucune raison de permettre que les gens soient exposés à un risque de cancer tout à fait évitable », assure Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer, cité dans le communiqué commun. Et d’ajouter : « Nous demandons à nos décideurs politiques de prendre leurs responsabilités et de l’interdire ».
Et pour cause. Des études menées par une équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN, Inserm, Inrae, CNAM, Université Sorbonne Paris Nord), citée par Le Monde, montrent une augmentation du risque de cancer d’environ 15 % pour les plus gros consommateurs d’aspartame, par rapport à ceux qui n’en usent pas.
« Près des trois quarts des études sur l’aspartame considérées comme fiables par l’EFSA ont été financées ou influencées par l’industrie »
Et pourtant, l’additif potentiellement dangereux n’a pas été remis en cause par les autorités, alors même qu’il a fait l’objet d’une réévaluation en 2013 par l’EFSA, l’Agence européenne de sécurité des aliments chargée d’évaluer les produits sur le marché alimentaire européen. Mais Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka s’inquiètent de « conflits d’intérêts ».
En effet, d’après le rapport de Foodwatch sur l’aspartame, « près des trois quarts des études sur l’aspartame considérées comme fiables par l’EFSA ont été financées ou influencées par l’industrie (agroalimentaire) ». Un chiffre qui « remet en cause la crédibilité de l’évaluation des risques, et donc de l’approbation de l’aspartame ».
Les trois entités de défense des consommateurs et de la santé avaient déjà lancé, fin 2019, une campagne contre les sels de nitrites dans l’alimentation du fait de leur rôle dans l’apparition de certains cancers digestifs, suivie d’effets chez certains industriels qui avaient modifié leurs recettes.
Les trois organisations rappelaient alors « la responsabilité des autorités publiques de renforcer les règles, en interdisant tous les additifs reconnus dangereux. » Une urgence toujours d’actualité.
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