Pour Julien1, l’usine Arkema, pièce maîtresse de la plateforme chimique de Jarrie, dans la vallée de la Romanche (Isère), c’est une histoire familiale. Il y a une soixantaine d’années, son grand-père a monté l’unité dans laquelle il travaille aujourd’hui. Ce 24 février, bien que vêtu de son bleu de travail, le jeune opérateur n’est pas à son poste. Il se tient devant son entreprise, comme tous les jours depuis début janvier. Un camarade arrive avec une remorque de brindilles de bois qu’il renverse à côté des piles de pneus et de palettes, pour raviver la flambée, signe de contestation sur le piquet de grève. Avec ses collègues, ils jouent à des jeux de société, parlent, mais surtout attendent inlassablement une issue favorable à leur situation.
Début décembre, ce fabricant de chlore, de soude et d’hydrogène a annoncé un plan social d’envergure : la suppression de 154 postes sur les 344 existants. « Ironiquement, je vais sûrement participer à la fermeture de l’atelier que mon grand-père a construit », glisse le jeune opérateur avec un sourire nerveux. Tout cela à cause d’un « effet domino ». La direction d’Arkema, multinationale française de la chimie, justifie son plan social en Isère par la fermeture possible de sa voisine Vencorex. Située à Pont-de-Claix, à quelques kilomètres de là, cette société lui fournit le chlorure de sodium lui permettant de produire à son tour du chlore.
L’espoir d’une coopérative
En septembre dernier, Vencorex, qui fabrique des produits intermédiaires nécessaires à la fabrication de mousse et des substances chimiques entrant dans la composition de peintures et vernis spécialisés, utilisés à leur tour par de nombreuses branches industrielles…