Dunkerque, cœur battant de ce 1er Mai 2025. À toute autre époque, cette place forte de l’industrie française aurait été flattée d’une telle distinction. Mais la cité de Jean Bart est bien malgré elle devenue le symbole de la flibusterie moderne à laquelle des multinationales s’adonnent, marchandant au prix fort auprès des pouvoirs publics une pseudo-préservation de l’activité économique contre l’emploi et les droits des travailleurs.
Depuis l’officialisation mercredi 23 avril par la direction d’ArcelorMittal de la suppression de 636 postes en France, dont 177 dans son usine dunkerquoise historique et 5 sur le site voisin de Mardyck, la CGT du Nord a appelé à la mobilisation générale ce jeudi 1er Mai pour contraindre Mittal à donner des perspectives au « poumon économique de Dunkerque. (…) Si Mittal ne le réalise pas très rapidement, nous demandons que l’État reprenne la main, voire aille jusqu’à une nationalisation », plaidait déjà lundi dernier Christelle Veignie, secrétaire générale de l’union locale.
L’annonce fin 2024 par la direction du groupe de la mise sur pause du projet de décarbonation à 1,8 milliard d’euros, dont 850 millions d’euros d’aides publiques, des deux hauts-fourneaux condamne de fait ce site industriel le plus émetteur de gaz à effet de serre de l’Hexagone à une obsolescence programmée à l’horizon 2028-2029, au vu du faible niveau des investissements déjà lancés, selon de fins connaisseurs du dossier.
« si ArcelorMittal tombe, c’est l’ensemble de l’industrie du nord de la France qui va tomber »
« Nos installations sont dans un état pitoyable », corrobore Reynald Quaegebeur, délégué syndical central CGT ArcelorMittal France. En 2023, un incendie a causé l’arrêt d’un haut-fourneau durant plusieurs mois. Or, pour son collègue Gaëtan Lecocq, secrétaire général CGT du groupe, « si ArcelorMittal tombe, c’est l’ensemble de l’industrie du nord de la France qui va tomber », avec « des conséquences sociales, économiques, industrielles catastrophiques ».
Les syndicats appellent donc les pouvoirs publics à ne plus se laisser mener par le bout du nez par la multinationale. Prenant acte du déclenchement par ArcelorMittal d’« un démantèlement des sites en France, lent, violent dans la méthode et décomplexé », la CFDT incite quant à elle, dans un communiqué publié ce mardi, l’Europe et les États à « déployer des plans de relance pour une production industrielle durable, en assortissant tous les fonds publics de conditionnalités strictes (…) en termes d’empreinte carbone industrielle, d’emploi, d’encadrement des profits et de garanties de non-fermeture des sites industriels ».
Mais, pour la CGT, on n’en est plus là. Au vu de la réorientation d’ArcelorMittal vers les États-Unis, l’Inde et le Brésil, aux dépens du Vieux Continent, la fédération de la métallurgie prône une solution plus radicale. « La multinationale a versé 11,7 milliards d’euros à ses actionnaires depuis 2021. C’est l’équivalent du prix de 14 fours électriques. Pour la décarbonation de la production de l’acier, il n’y a donc qu’une solution : la nationalisation », assène David Blaise, son coordinateur sidérurgie.
Près de quarante-cinq ans après l’étatisation d’Usinor et de Sacilor, les voix à gauche sont nombreuses à proposer de réitérer l’opération. « Une reprise en main publique s’impose dans le cadre d’un véritable plan d’urgence pour la sidérurgie. L’État doit affirmer son rôle de stratège, pour préserver la souveraineté économique de notre pays en matière de production d’acier et engager la filière dans la transition écologique », écrivait ainsi le 20 avril Fabien Roussel (PCF). « Le Royaume-Uni l’a fait (avec ses deux derniers hauts-fourneaux – NDLR), je ne vois pas pourquoi on n’en serait pas capables, c’est notre devoir », a insisté de son côté Marine Tondelier pour les Écologistes dimanche dernier.
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