Sur les deux sites de Sanofi concernés par la cession de 50 % d’Opella au fonds d’investissement étasunien CD & R, les salariés ont choisi une stratégie différente au lendemain de l’annonce d’un « accord tripartite » avec l’État. À Compiègne, la grève lancée de concert jeudi 17 octobre a été temporairement suspendue : « On est dans la deuxième phase, c’est-à-dire la phase des négociations avec le fonds d’investissement et Sanofi », pour le maintien des acquis sociaux et des emplois, estime Adil Bensetra, coordinateur adjoint de la CFDT Sanofi Compiègne.
À Lisieux en revanche, la grève se poursuit. « Ici la grève continue, ces annonces ne répondent pas à nos attentes, comme dit au ministre, on attend des actions concrètes », a déclaré lundi après-midi à l’AFP Frédéric Debève, délégué syndical CGT chez Opella à Lisieux, où sont implantés 250 emplois.
« Le gouvernement est venu faire le service après-vente »
En cause, les « garanties » – présentées comme telles par le gouvernement qui a adoubé la vente au fond américain – jugées largement insuffisantes. « Les salariés n’ont aucune garantie et expriment une colère. Certes, de façon différente entre Compiègne et Lisieux, mais en tout cas la colère est là parce qu’être vendus comme c’est fait là, c’est difficilement acceptable », a expliqué, sur BFMTV lundi soir, Fabien Mallet de la CGT Sanofi France, soulignant les menaces sur les 1 700 emplois en France et les 13 000 dans le monde.
L’accord tripartite entre l’État, Sanofi et CD & R, annoncé dimanche soir par le gouvernement, comprend, selon l’exécutif, « la pérennité des sites de production de Lisieux et Compiègne », le maintien du siège et des activités de recherche et développement en France, la protection de l’emploi. Cet accord est « extrêmement exigeant » avec des « garanties extrêmement fortes », a promis dans la foulée le ministre de l’Économie Antoine Armand. Il prévoit des sanctions financières « pouvant s’élever jusqu’à 40 millions d’euros » en cas d’arrêt de la production sur les deux sites français d’Opella et de « 100 000 euros par emploi supprimé par licenciement économique contraint », ont martelé Bercy et le ministère de l’Économie pour convaincre.
Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient. « Le gouvernement est venu faire le service après-vente de Sanofi, il nous explique qu’en prenant 2 % dans la future entité il peut apporter des garanties, mais en fait il ne peut rien garantir », objecte Fabien Mallet. Le syndicaliste dénonce une politique de l’affichage : « Opella aujourd’hui c’est 1,2 milliard de bénéfices, donc quand on parle de 100 000 euros par emploi, ils seront largement payés la première année de bénéfices. Donc non, cela ne garantit pas du tout l’emploi », détaille-t-il.
Et le cégétiste d’inviter à se pencher sur une donnée escamotée par le gouvernement : « Sanofi, c’est aussi l’entreprise qui a touché plus d’un milliard de Crédit impôt recherche depuis 10 ans, qui est aidé systématiquement quand elle monte une unité en Europe. En réalité, c’est une entreprise gavée d’argent public mais qui peut se permettre de faire des profits en revendant Opella. C’est là qu’il faudrait se poser la question de la souveraineté mais aussi de l’utilisation de l’argent public. »
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