Sanofi ne sait donc pas manier l’art du sabre avec parcimonie. Le géant pharmaceutique français prévoit de supprimer 330 postes en recherche et développement (R & D) dans le service oncologie : 288 postes risquent d’être supprimés sur le site de Vitry-sur-Seine, 16 postes à Gentilly et 26 emplois à Montpellier.
« Je vais avoir 29 ans d’ancienneté cette année, c’est la première fois que la direction parle de départs contraints. À chaque fois, les gens étaient reclassés mais pas cette fois-ci. Beaucoup de salariés ne savent pas de quoi sera fait le lendemain », confesse Renaldo Raych, délégué syndical CGT. Comme ses collègues, il a appris la nouvelle le 4 avril, « à la veille des vacances ».
Après les suppressions de 135 postes sur les sites d’Aramon (Gard) et Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) – production de médicaments – l’an dernier, c’est au service d’oncologie d’être ciblé par le géant français. La multinationale, qui déplore des investissements de « plus de 1 milliard d’euros en 2023 », préfère consacrer ses ressources dans l’immunologie et immuno-oncologie.
Une chute de ses effectifs de R & D en France en dix ans
Une orientation lui permettant de développer « des vaccins et médicaments qui seront les premiers ou les meilleurs de leur catégorie », se vante-t-elle. La CGT ne l’entend, elle, pas de cette oreille : « L’ entreprise regrette que ces produits développés ne rapportent pas assez d’argent, elle ambitionne donc de s’investir dans un secteur où il y a de l’argent à aller récupérer », explique Renaldo Raych.
Une vision purement capitalistique de la santé, d’autant qu’en 2022 l’entreprise française a enregistré un bénéfice de 10 milliards d’euros. « Chaque année, Sanofi bénéficie autour de 100 millions d’euros grâce au crédit d’impôt recherche. On ne peut pas continuer à verser de l’argent public à une entreprise qui à la fois réduit nos capacités de production, entraîne une pénurie de médicaments et licencie ses travailleurs », assène Pascal Savoldelli, sénateur PCF du Val-de-Marne.
« Nous bénéficions effectivement de ce crédit d’impôt mais c’est à mettre en regard des 2,5 milliards d’euros que nous investissons chaque année en France, par ailleurs, le montant des taxes (impôt, contributions) est plus de 16 fois supérieur à celui du montant du Crédit d’impôt de recherche », justifie la multinationale de son côté.
Le parlementaire entend, en ce sens, adresser une question écrite à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances. « Je vais lui demander un récapitulatif de toutes les subventions dont a bénéficié Sanofi depuis 2008. J’ai peur qu’on arrive à un chiffre entre 2 à 3 milliards d’euros d’aides publiques », confie-t-il.
Après son projet de vente de distribution à DHL, l’externalisation de son unité de médicaments sans ordonnance (Opella) ou encore la fonte de ses effectifs de R & D en France (de 6 300 à 3 800) en dix ans, la casse sociale se poursuit au sein du géant de la santé. Ce jeudi 18 avril a marqué le démarrage de la première réunion du plan social. « Nous devions nous mettre d’accord sur les accords de méthode », précise Renaldo Raych.
Selon lui, l’entreprise espère recevoir suffisamment de candidats pour mettre en place un plan de départs volontaires entre début septembre 2024 et fin décembre. Pour autant, « si aucun accord sur ces départs volontaires n’est trouvé entre ces deux dates, l’entreprise risque de lancer un plan social au 1er janvier 2025 avec des départs contraints pour le 1er septembre 2025 », complète le syndicaliste.