Mi-septembre, Sandrine Rousseau publiait Ce qui nous porte. Comment nous pouvons éviter la catastrophe (le Seuil), un essai qui invite la gauche à construire un imaginaire libéré de l’héritage des Trente Glorieuses. Seul moyen pour la députée écologiste de relever la gauche et concurrencer le récit des libéraux et de l’extrême droite.
Qu’avez-vous pensé de la déclaration de politique générale du premier ministre et de l’austérité que son gouvernement promet ?
C’est un chemin que nous pourrions emprunter avec une DS Citröen. Michel Barnier se met dans les pantoufles de Pompidou. Et dessine une politique anti-écologiste et productiviste. On se battra sur le budget. Ce n’est pas parce qu’il y a eu une confiscation de l’élection que le paysage politique est stable.
Michel Barnier n’a pas vraiment de majorité. Quand il parle d’impôts, les uns menacent de ne pas voter ; quand il évoque l’immigration, les autres lui disent que ça suffit. Il ne faut pas surestimer sa capacité à tenir !
Barnier à Matignon, des ministres macronistes, un gouvernement sous surveillance du RN… Au regard de cette situation, pensez-vous que le Nouveau Front populaire (NFP) pouvait faire mieux ?
Sans doute, mais le NFP n’est en rien responsable de la situation, qui est du seul fait d’Emmanuel Macron. Il n’a pas voulu lâcher le libéralisme, quitte à faire une alliance avec l’extrême droite plutôt que de nous voir gouverner. Il n’a aucun scrupule à participer au désistement républicain, puis d’être l’allié tacite du RN. La Ve République ne permet pas de protéger les Français contre un président qui refuse de perdre.
Dans votre livre, vous avez pour ambition de décortiquer le délitement des promesses économiques et sociales des Trente Glorieuses : assiste-t-on, aujourd’hui, à la décomposition des promesses politiques et démocratiques de cette époque ?
Absolument. Quand l’Élysée a annoncé la nomination de Michel Barnier, puis de son gouvernement, une image m’est venue : celle de l’autoritarisme de parents sur leur adolescent qui devient adulte. La société est en train de bouger profondément et Emmanuel Macron fait aujourd’hui un excès d’autoritarisme.
Je dis aux gens que l’adolescent finit par devenir adulte, sort de sa chambre et récupère son portable. Nous sommes dans un moment de crispation autoritaire du pouvoir, mais la société est en mouvement. Nous finirons par y arriver.