Cela devait être un « grand débat » avec le monde agricole dans le lieu de présentation traditionnel des animaux, le « ring ». Mais face au refus de la FNSEA et des JA d’y participer, le président de la République annonce sur X son annulation pure et simple.
Durant au moins deux heures le samedi matin, le président de la République avait prévu d’ « esquisser l’avenir » de la filière avec les acteurs concernés, selon l’annonce de l’Élysée de jeudi. Des cartons d’invitations avaient été envoyés aux représentants des principaux syndicats agricoles -tels que la FNSEA, les Jeunes agriculteurs, la Confédération paysanne, la Coordination rurale —, mais aussi aux dirigeants de la grande distribution, aux industriels, ainsi qu’à des associations environnementales comme le Réseaux Action Climat, Générations futures et… les Soulèvements de la Terre.
La FNSEA refuse de participer
De quoi faire vivement réagir le président du syndicat majoritaire, la FNSEA. Cette décision est soutenue par le secrétaire général du syndicat, Hervé Lapie : « La provocation du monde agricole est à son comble. Les agriculteurs ne comprendraient pas qu’on puisse y participer. » Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, abonde en ce sens et estime cette invitation « inopportune compte tenu du contexte », sur TF1. « On ne discute pas avec ces gens-là », juge-t-il.
Rétropédalage
Face à ce tollé, L’Élysée rétropédale, admet une erreur et affirme que les Soulèvements de la Terre n’ont été « ni conviés, ni contactés ». De toute façon, ils ne seraient pas venus. « Nous n’aurions pas participé à cette supercherie, mais merci pour l’invitation ! », ironise le collectif sur Twitter.
Pour rappel, la dissolution des Soulèvements de la Terre dont Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, en a fait un combat personnel, a été annulée par le Conseil d’État, estimant que ce n’était « pas une mesure adaptée et proportionnée ». En novembre 2023, cette victoire a été saluée par la Confédération paysanne, remerciant le collectif pour sa contribution « en l’espace de deux ans à visibiliser davantage la nécessité vitale de protéger les communs – la terre et l’eau. »
Des mobilisations en cours
Dès l’annonce du « grand débat », Michel-Edouard Leclerc, dirigeant du groupe éponyme, étrille l’initiative d’Emmanuel Macron qu’il estime être une « annonce foireuse », un « coup de com’» et de « grossière manipulation ». La porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Maradola, dénonce une « mascarade pour mettre en valeur le président de la République et la FNSEA ». Ce « sketch » ne serait pas l’occasion d’aborder le « sujet principal qui est celui du revenu des agriculteurs », selon elle.
L’exercice n’est d’ailleurs pas sans rappelé les discussions qui ont été organisées dans la hâte, en pleine crise des gilets jaunes. Autre point commun : les mobilisations ne faiblissent pas. Et cela, la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture ce samedi 24 février. Les tracteurs sont de retour à Paris pour maintenir la pression. Les deux mobilisations, l’une organisée par la Coordination rurale et l’autre par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, se termineront ce soir devant le Salon.