La préfecture de la Vienne a interdit « toute manifestation » vendredi 19 juillet sur la commune de Saint-Sauvant et ses alentours, où les opposants aux « bassines », des réserves d’irrigation contestées, ont prévu de se rassembler. La préfecture des Deux-Sèvres a, elle aussi, les « rassemblements et attroupements revendicatifs non déclarés » du 19 au 21 juillet sur les secteurs de Mauzé, Melle et Sainte-Soline. Le 15 juillet au matin, le ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin s’était déjà, encore une fois, employé à décourager les opposants aux bassines à se rendre à une manifestation.
Pour les militants, qui ont déjà installé le « Village de l’eau » à Melle, « les procédés grossiers sont les mêmes qu’à la veille de la mobilisation de Sainte-Soline l’an dernier : annoncer le pire, étaler ses fantasmes et répandre la peur pour justifier la répression. C’est tout ce qui reste à ce gouvernement quand il ne supporte plus que la population exerce son droit de manifester ».
« Surveiller, ficher, et harceler des militant⸱es »
Déjà plus de 2 000 personnes, selon les organisateurs, ont investi le « Village de l’eau », participant aux ateliers, conférences, tables-rondes, pièces de théâtre, et encore plusieurs milliers de militants sont attendus. Ce village de l’eau a été déclaré par la commune de Melle qui l’accueille, et a seule compétence pour l’interdire.
Deux manifestations sont prévues vendredi 19 juillet à Saint-Sauvant (Vienne) sur le site d’une future « bassine » et samedi devant le terminal agro-industriel du port de La Rochelle (Charente-Maritime), à l’appel notamment du mouvement des Soulèvements de la Terre et du collectif Bassines non merci (BNM).
« Les dernières manifestations non déclarées de ces mêmes organisateurs ont donné lieu à des débordements violents, avec des atteintes aux biens et aux personnes, et plus particulièrement des atteintes inacceptables aux forces de l’ordre », a tenté de justifier mardi 15 juillet la préfecture de la Vienne. La « coordination anti-bassines (…) annonce une grande marche pour obtenir un moratoire et n’a pour intention de s’en prendre ni à des agriculteurs, ni à leurs fermes. Elle demande au préfet d’arrêter d’attiser les peurs et les tensions », ont réagi les Soulèvements de la Terre.
Plus de 3 000 policiers et gendarmes, cinq hélicoptères et une dizaine de drones ont été mobilisées pour ces nouveaux rassemblements dans le Poitou. Des dispositifs de contrôle ont été mis en place par la gendarmerie aux alentours de Melle, Sainte-Soline et Mauzé. « Les gendarmeries du pays, peu occupées à organiser les JO dans quelques jours recherchent, au sein des convois, des individu⸱es souhaitant commettre, entre autres ; ”des actes de terrorisme”, détenir ”des armes”, dont certaines de ”destructions massives”, ou des ”explosifs”», expliquent les Soulèvements de la Terre. Ils fustigent des « réquisitions lunaires qui visent des personnes n’ayant d’autre stockage que des sacoches de vélo et des sacs de randonnée » et critiquent des dispositifs pour « surveiller, ficher, et harceler des militant⸱es dont le crime est de venir assister à des ateliers & conférences ».