Depuis les années 1980, la France a perdu 2 millions d’emplois industriels. Cette hécatombe industrielle et sociale connaît un nouvel épisode. Au niveau national, partout sur le territoire, et d’après le décompte précis et minutieux du syndicat CGT, 150 000 emplois sont directement menacés. 180 PSE (plans de sauvegarde de l’entreprise) sont recensés partout en France, en constante augmentation ces derniers mois.
Des suppressions d’emplois massives, des fermetures d’usines et de sites. Avec les défaillances d’entreprises, notamment petites et moyennes, ce sont 300 000 emplois qui sont menacés. Métallurgie, logistique-transports, chimie, agroalimentaire, commerce, construction, caoutchouc, verre, énergie, textile, automobile, aéronautique, etc. La liste des secteurs touchés est longue.
Auchan, deuxième plus grande enseigne française de grande distribution, a prévu un plan social avec 2 400 emplois menacés et la fermeture d’une dizaine de magasins. Michelin, géant du pneu français, a annoncé début novembre la fermeture des sites de Cholet et de Vannes dans les prochains mois. 1 254 salariés sont impactés. En parallèle, Michelin a réalisé 1,4 milliard de dividendes versés aux actionnaires et plus de 2 milliards de bénéfices en 2024.
Les mobilisations syndicales doivent être soutenues partout pour empêcher ces licenciements.
Sur la plateforme chimique Vencorex, à Pont-de-Claix, en Isère, 425 postes risquent d’être supprimés sur les 450 existants. Chez Don’t Nod, fleuron de l’industrie vidéoludique, un cinquième des postes pourrait disparaître. En plus des emplois directs, des milliers d’autres dans la sous-traitance sont aussi menacés, éteignant des bassins de vie entiers.
Les conséquences sont terribles avec des drames humains pour de nombreuses familles touchées par le chômage, des fermetures de commerces, d’écoles, de services publics, la création de déserts médicaux. Car oui, fermer une usine impacte durablement tout une population et son territoire. L’impact environnemental est également à prendre en compte puisque les productions sont souvent délocalisées dans des pays à moindres coûts, là où les exigences et normes écologiques sont bien plus faibles.
La concurrence mondialisée, le libéralisme, la course aux profits sont responsables de cette situation. Lors du 7e sommet Choose France, inventé par Macron en 2018 pour replacer la France au cœur de l’attractivité, 15 milliards d’euros d’investissements étrangers ont été promis avec la création de 10 000 emplois.
Un succès plus que relatif, puisque, même selon l’Ifrap (groupe de pression d’obédience libérale), ce nombre d’emplois est très faible au regard de l’investissement et revient à 1,5 million d’euros par emploi. À cela s’ajoute une politique d’exonération de cotisations patronales qui a affaibli le financement de notre système de protection sociale.
Les mobilisations syndicales doivent être soutenues partout pour empêcher ces licenciements. Plus largement et pour sortir de ce marasme et de cette spirale, pour préserver notre outil industriel, les qualifications, les savoir-faire, il est temps de conditionner les aides publiques aux entreprises (175 milliards d’euros en 2022) et de mieux les contrôler. Elles sont passées de 3,5 % à 6,7 % du PIB entre 1979 et 2021…
À l’heure où le gouvernement s’inquiète du déficit public, il y a matière à réfléchir. Enfin, il est urgent de décréter un moratoire sur les licenciements et d’interdire les licenciements financiers.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
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En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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