À partir du 1er avril, la vie des précaires sera rendue encore plus difficile. Si plusieurs aides sociales sont revalorisées, cela ne fait que rattraper l’inflation. Ainsi, plusieurs prestations de la Caisse d’allocation familiales (CAF), notamment le RSA (Revenu de solidarité active), la prime d’activité et l’AAH (Allocation aux adultes handicapés) seront revalorisés de 1,7 %.
La droite et le centre refusent d’augmenter le RSA
Le RSA va passer de 635,71 à 646,52 euros pour une personne seule, et de 1 334,98 à 1 357,70 euros pour un couple avec deux enfants par exemple. Le montant maximum de l’AAH va progresser de 1 016,05 euros à 1 033,32 euros. Pour rappel, ce revenu minimal est destiné aux personnes dont le taux d’incapacité en raison de leur handicap est supérieur à 80 %, ou 50 % dans certains cas, résidant régulièrement en France. Enfin, la prime d’activité – le complément de revenu lorsque vous travaillez – passera de 622,63 à 633,21 euros pour une personne seule sans enfant.
C’était sans compter sur les départements du groupe « droite, centre et indépendants » qui, mercredi 26 mars, ont annoncé ne pas appliquer l’augmentation du RSA prévue au 1er avril. 72 des 104 départements et collectivités à compétence départementale du centre et de la droite ont donc décidé de ne pas augmenter le RSA pour dénoncer les coupes budgétaires sur les départements prévues en 2025. Si la bataille contre l’austérité (que la droite soutient au plan national) est légitime, les allocataires en sont ici les otages et en feront les frais.
Les départements concernés : Aisne, Ain, Allier, Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Ardèche, Aube, Aveyron, Bas-Rhin, Bouches-du-Rhône, Calvados, Cantal, Charente-Maritime, Cher, Côte-d’Or, Corrèze, Creuse, Deux-Sèvres, Doubs, Drôme, Eure, Eure-et-Loir, Finistère, Haute-Loire, Haute-Marne, Hautes-Alpes, Haut-Rhin, Hauts-de-Seine, Isère, Indre, Indre-et-Loire, Isère, Jura, Loire, Loir-et-Cher, Loiret, Manche, Marne, Maine-et-Loire, Mayenne, Meuse, Morbihan, Nièvre, Nord, Oise, Orne, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Atlantiques, Rhône, Saône-et-Loire, Sarthe, Seine-et-Marne, Seine-Maritime, Somme, Territoire de Belfort, Val-de-Marne, Val-d’Oise, Vaucluse, Vendée, Vienne, Yonne, Yvelines, La Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon, Mayotte, Île de Saint-Barthélemy, Province Sud de Nouvelle-Calédonie.
Les mesures précarisant les bénéficiaires de l’assurance chômage entrent en vigueur
Au 1er avril entre en application la convention d’assurance chômage du 15 novembre 2024, agréée le 20 décembre 2024 par le Premier ministre. Intervenant après la réforme de la retraite de 2023, celle-ci aligne les droits d’accès sur le relèvement de l’âge légal de départ à 64 ans. Les plus de 55 ans sont particulièrement touchés.
Parmi les mesures applicables aux demandeurs d’emploi dont la fin de contrat de travail interviendra à compter du 1er avril et à ceux dont la procédure de licenciement sera engagée à compter de cette date, les dispositions spécifiques pour les seniors changent drastiquement :
Les conditions d’âge pour le bénéfice du maintien de droits jusqu’à l’âge de la retraite à taux plein passent de 62 ans à 64 ans au même rythme que l’augmentation progressive de l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans.
Les conditions d’âge pour bénéficier de 36 mois d’affiliation passent de 53 ans et plus à 55 ans et plus
Les seuils de durées d’indemnisations maximales spécifiques pour les allocataires seniors passent de 53 à 55 ans (685 jours) et de 55 ans à 57 ans (822 jours)
Baisse d’indemnisation des arrêts maladie
La Sécurité sociale va baisser l’indemnisation des arrêts maladie, afin de réaliser une économie d’environ 600 millions d’euros. Concrètement, pour tous les arrêts maladie débutant à partir du 1er avril, l’indemnité journalière versée par l’Assurance maladie sera égale à la moitié du salaire brut, plafonné à 1,4 Smic, contre la moitié du salaire brut plafonné à 1,8 Smic jusqu’à maintenant. L’indemnité journalière ne pourra donc pas dépasser 41,47 euros brut, contre un plafond de 53,31 euros brut jusqu’à maintenant.
Les attaques du gouvernement contre les arrêts maladie sont devenues monnaie courante. Le projet de loi de finances (PLF) 2025 impose notamment l’amputation de 10 % sur l’indemnisation des arrêts maladie des agents publics. Avant de subir la motion de censure, Michel Barnier avait même proposé un décret pour élever à trois jours de carence les arrêts maladies des fonctionnaires.
Fin de la trêve hivernale
L’interdiction des expulsions locatives a été levée le 31 mars. Depuis quelques années, le nombre de ces expulsions a explosé. En 2024, 24 000 procès-verbaux d’expulsion de ménages ont été délivrés, a indiqué le 20 mars la chambre nationale des commissaires de justice. Cela représente une hausse de 26 % par rapport aux 19 000 de 2023, un chiffre déjà supérieur de 17 % au nombre de 2022. Cette évolution est d’autant plus inquiétante que 350 000 personnes en France sont déjà sans domicile, et que les structures d’hébergement sont saturées, laissant chaque soir des centaines de milliers de personnes, dont des enfants, des personnes handicapées ou âgées, à la rue.
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