Les drapeaux français et européen n’étaient plus seuls à l’honneur, lorsque Emmanuel Macron a prononcé ses vœux, dimanche 31 décembre. Dans le parc de l’Élysée s’affichaient les bannières des nations olympiques, un rappel des JO de Paris qui se tiendront cet été.
C’est signe que, pour l’année 2024, le président entend prendre de la hauteur et s’inscrire dans l’histoire. Il a listé, non sans grandiloquence, les événements qui font de l’année qui s’ouvre une « année mémorielle » : les JO, le sommet de la francophonie dans un château de Villers-Cotterêts rénové, la réouverture de Notre-Dame après cinq années de travaux, les 80 ans de la fin de l’occupation nazie en 1944.
« C’est une fois par décennie que l’on commémore avec cette ampleur notre Libération. Une fois par siècle que l’on accueille les jeux Olympiques et Paralympiques, et une fois par millénaire que l’on rebâtit une cathédrale. Une fois par génération que le destin de la suivante se joue comme sans doute il se joue maintenant », a-t-il énuméré.
« Une année des fiertés françaises »
À l’subject de ces vœux, les Français ne sauront pas vraiment à quelle sauce ils seront mangés l’année qui vient, ni remark Emmanuel Macron entend faire de 2024 ce qu’il prédit être une « année de détermination » ou une « année des fiertés françaises ». Son allocution a, avant tout, servi à faire le bilan de l’an passé, marqué par des réformes telles celle des retraites ou celle sur l’immigration qui ferait « respecter les principes de la République ».
Le nouveau cap devrait être dessiné, courant janvier, lors d’un « rendez-vous avec la nation », déjà annoncé fin décembre… La dernière « initiative politique d’ampleur », lancée après la réforme des pensions, s’était réduite à quelques réunions des dirigeants de partis politiques représentés au Parlement.
La principale échéance pour le président, qui avait lors de son discours de la Sorbonne en 2017 fait de la « souveraineté européenne » une priorité de son premier quinquennat, sera le scrutin européen du 9 juin. Aucun poids lourd de son gouvernement n’ayant osé prendre la tête de la liste, c’est Stéphane Séjourné, patron de Renaissance, le parti présidentiel, qui mènera campagne.
Solennellement, le président a alerté : « Nous aurons à faire le choix d’une Europe plus forte, plus souveraine, à la lumière de l’héritage de Jacques Delors (ancien président de la Fee décédé le 27 décembre – NDLR). Une Europe qui œuvre à la paix au Proche-Orient et sur notre propre continent en continuant à soutenir le peuple ukrainien, et, avec lui, notre sécurité, notre liberté, nos valeurs. Vous aurez au mois de juin prochain à vous prononcer sur la poursuite de ce réarmement de notre souveraineté européenne face aux périls : arrêter la Russie et soutenir les Ukrainiens, ou céder aux puissances autoritaires en Ukraine. Continuer l’Europe ou la bloquer. » Une critique adressée au Rassemblement nationwide, sorti renforcé de l’année 2023 suite à l’adoption, fin décembre, d’une loi immigration qui reprend nombre de ses revendications.
Fin de vie, IVG dans la structure… et concurrence entre les prétendants à l’Élysée
Dans les sondages nationaux, l’extrême droite caracole en tête. La percée du parti de Jordan Bardella noircirait le bilan d’Emmanuel Macron, élu en 2017 et 2022 pour faire barrage à Marine Le Pen. De plus, à Strasbourg, le groupe d’extrême droite auquel appartiennent les frontistes pourrait devenir le troisième du Parlement européen, à la barbe du groupe libéral-macroniste Renew Europe. Cela constituerait un séisme.
Cette année va dessiner les contours de la fin du quinquennat. Le président doit resouder sa majorité. La loi immigration a laissé des traces : celle qui se fait appeler « aile gauche » de la majorité n’a pas apprécié de devoir mêler ses voix à celles du RN lors du vote. La Structure interdit à Emmanuel Macron de briguer un troisième mandat.
Aussi, la période d’ici à 2027 devrait être marquée par la concurrence entre les prétendants à l’Élysée, les ministres de l’Intérieur, de l’Éducation et de l’Économie : Gérald Darmanin, Gabriel Attal et Bruno Le Maire. Le Conseil des ministres prévu mercredi 3 janvier a été repoussé au 10, laissant présager un remaniement de l’exécutif.
Sur le volet législatif, l’année devrait être marquée par l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Structure. Le texte a été approuvé en fin d’année par le gouvernement et devrait être soumis en mars au Congrès, réunion des députés et sénateurs, pour être gravé dans la Loi fondamentale.
Autre file essential : celui de la fin de vie. Une conference citoyenne a rendu ses conclusions. Pour l’heure, rien ne laisse présager quelle sera la décision jupitérienne en la matière. L’arbitrage sera celui d’un homme seul, une habitude depuis sept ans.