Autour des retraites, aucune discussion n’est permise par l’exécutif. Que ce soit en 2023, avec l’adoption par 49.3 du report de l’âge de départ à 64 ans, comme en 2024, alors qu’une grande conférence sur le financement du système se fait désespérément attendre.
Face à ce manque, Éric Coquerel, président FI de la commission des Finances, et Charles de Courson, rapporteur Liot du budget, organisaient, lundi 21 octobre, leur propre colloque sur la question. En invitant à l’Assemblée nationale syndicats, patronat, économistes et parlementaires à s’exprimer, les deux députés entendent voir se dessiner des pistes de réformes rassembleuses pour assurer l’équilibre du système et sa pérennité. Et penser l’après-abrogation de la réforme macroniste.
Plusieurs pistes sur la table
« Partisan de la démocratie sociale », comme il s’est lui-même défini à la tribune, Charles de Courson a invité les « partenaires sociaux » à prendre toute leur part dans l’élaboration de propositions. Eux qui ont, selon lui, fait leurs preuves dans la gestion paritaire du régime de retraite complémentaire Agirc-Arrco.
« Depuis deux ans, le gouvernement refuse par principe de débattre des possibilités d’augmenter les ressources affectées au financement des retraites, s’est désolée Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Alors que des solutions existent : mettre à contribution les primes, l’intéressement et la participation, augmenter légèrement les cotisations ou réaliser l’égalité salariale. »
Autre levier éventuel, mis en avant par Michel Beaugas, secrétaire confédéral de FO : travailler sur le taux d’emploi des plus de 55 ans qui sont aujourd’hui sous la barre des 57 %, ce qui réduit le montant des cotisations. « Atteindre un taux d’emploi de 71 % en 2042 permettrait d’obtenir 200 milliards d’euros de gain »a-t-il relevé. Un objectif qui passerait par la négociation d’un plan de formation des seniors, comme demandé par Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa.
Un premier texte d’abrogation à l’initiative du RN
Avant cela, l’abrogation de la réforme des retraites est un préalable absolu. Olivier Serva, député Liot de Guadeloupe, pour qui « la France gagne » lorsque son groupe et le Nouveau Front populaire (NFP) sont unis vers un même objectif, a lui-même tenu à le rappeler.
Cela malgré les avertissements de Diane Milleron-Deperrois, coprésidente de la commission protection sociale du Medef, sur le coût d’un retour en arrière. Des réticences auxquelles l’économiste Michaël Zemmour a répondu : « Pour financer l’abrogation, il suffirait d’augmenter les cotisations employeurs ou salariés de 0,15 point par an pendant sept ans. »
Mais, pour l’obtenir, le NFP a encore à travailler sur la constitution d’une majorité capable d’enterrer la réforme. Deux textes demandant son abrogation seront prochainement examinés à l’Assemblée. Le premier sera voté le 31 octobre, à l’initiative du RN. De nombreux députés de gauche préfèrent cependant ignorer ce texte déposé par l’extrême droite. Beaucoup attendront donc l’arrivée du deuxième texte, prévu le 28 novembre, lors de la niche FI.
Sauf que ce texte pourrait lui aussi porter l’abrogation de la réforme de 2023 et celle de la loi Touraine, à laquelle sont attachés les socialistes. En cas de vote favorable, l’abrogation atterrira au Sénat le 23 janvier au moment de la niche communiste. Sauf que la constitution d’une majorité à l’Assemblée se fissure et semble ensuite improbable au Sénat.
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