Ça leur était tombé dessus comme la foudre. À la mi-novembre, les salariés de Bayard avaient eu la surprise de découvrir que leur groupe participait à un tour de table pour racheter une école de journalisme non reconnue, l’ESJ Paris, aux côtés de Dassault, Saadé, Arnault et surtout Bolloré.
Puis, en début de semaine dernière, avec les révélations de l’Humanité, ils ont découvert le profil très marqué d’Alban du Rostu, en passe d’être recruté comme directeur de la stratégie et du développement, sous les ordres directs de François Morinière, lui-même entré en fonction début novembre. Un homme qui était jusqu’en juillet dernier le bras droit du milliardaire ultra-réactionnaire Pierre-Édouard Stérin, architecte du plan Périclès visant à faire gagner les droites extrêmes dans les têtes et dans les urnes.
Une « OPA gratuite » mise en échec
Puis cette offensive, décrite au début comme un « blitzkrieg » ou une « OPA gratuite » en interne, a été enrayée plus rapidement encore : en quelques jours, par l’ampleur de leur émoi, puis de leur mobilisation, les journalistes des nombreux titres de cette référence de la presse catholique en France (La Croix, Le Pèlerin, Notre Temps, Okapi, Astrapi, J’aime lire, etc.) ont obtenu le retrait de Bayard du tour de table pour le rachat de l’ESJ Paris et le recul sur l’embauche d’Alban du Rostu.
Deux décisions annoncées dans un communiqué, ce lundi midi, par le directoire de Bayard, resserré autour de son nouveau président, François Morinière, et du père Dominique Greiner, membre de la congrégation des Assomptionnistes qui contrôle à 100 % le capital de Bayard. « Notre indépendance n’est pas négociable, promet la tête du groupe. Notre ouverture d’esprit qui nous conduit à créer des liens fertiles entre tous sans exclusive, dans le pluralisme des opinions de chacun et le refus des extrémismes, ne l’est pas non plus. »
Pour l’intersyndicale CFDT-CFTC-CGC-CGT-SNJ de Bayard, c’est une « victoire sur toute la ligne ». Au siège du groupe, beaucoup de salariés ont poussé un ouf de soulagement. « Une très belle victoire, insistent les syndicats, pour un très beau combat qui a souligné le degré d’engagement des salariés autour des valeurs socles de Bayard : humanisme, solidarité avec tous, ouverture vers l’autre, tolérance, dialogue, etc. Oui nous avons besoin d’un directeur de la stratégie et du développement, mais en harmonie avec ces valeurs ! »
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous tentons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons porter une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.Je veux en savoir plus.