« Ma priorité aujourd’hui, c’est de lutter contre les arrêts maladie frauduleux qu’on peut se procurer très facilement, par exemple sur les réseaux sociaux », a réagi, jeudi 30 mai sur RTL, le premier ministre Gabriel Attal – jamais avare quand il s’agit de présenter les salariés comme des tire-au-flanc -, après les préconisations de la Cour des comptes en la matière présentée la veille. Sous la houlette de son président Pierre Moscovici, l’institution a recommandé, mercredi 29 mai, de s’attaquer aux dépenses d’indemnisation des arrêts de travail, « qui ont augmenté de plus de 50 % entre 2017 et 2022 pour atteindre 12 milliards d’euros dans le régime général ».
Augmenter le délai de carence, raccourcir la durée d’indemnisation
Au nom du « trou de la sécu » alimentée par de multiples exonérations de cotisations, la Cour propose, entre autres mesures, de s’en prendre de nouveau aux droits des salariés. Parmi les dispositions suggérées : la non-indemnisation par l’Assurance-maladie des arrêts de moins de 8 jours (470 millions d’euros de dépense en moins), l’augmentation à 7 jours du délai de carence (950 millions d’euros de dépenses en moins), la réduction à deux ans (contre trois aujourd’hui) de la durée maximale d’indemnisation (750 millions d’euros de dépenses en moins)…
« Ce n’est pas parce que la Cour des comptes fait une proposition qu’on doit la reprendre. Il y a très souvent des propositions qu’on ne reprend pas. La Cour des comptes vient alimenter un débat », promet, ce jeudi, le premier ministre qui assure s’en tenir à sa chasse aux arrêts maladie quitte à exercer sur les salariés comme les médecins une pression nuisible à la santé.
« Avec ces mesures, nous assistons à une dérive où l’économie prend le pas sur une gestion juste et responsable de la santé publique », regrettait déjà dans nos colonnes en avril Agnès Giannotti, présidente du syndicat des médecins généralistes, à propos de la traque des généralistes « identifiés comme d’importants prescripteurs d’arrêts de travail » afin de « lever le voile sur d’éventuels abus » lancée par l’Assurance-maladie.
Mais l’exécutif, qui s’en est déjà pris aux indemnités chômage, s’en tiendra-t-il réellement là ? « Les arrêts maladie ont augmenté de 10 % depuis le Covid ! Ce débat doit être ouvert dès cette année pour limiter les abus. C’est aussi un principe de justice vis-à-vis de ceux qui travaillent », a lancé, fin mars dans un entretien à Ouest France, Bruno Le Maire, interrogé sur une éventuelle réforme des indemnités journalières. Et la piste sur la table, déjà évoquée par Emmanuel Macron lors des discussions autour du budget 2024, est justement d’augmenter le nombre de jours de carence à cinq, six, voire huit jours…
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