Une audience au conseil des prud’hommes de Forbach sur la procédure de licenciement du délégué syndical Christian Porta a lieu, ce mardi 23 juillet. Le délégué syndical conteste son licenciement de la boulangerie industrielle Neuhauser (groupe InVivo). Une décision prise trois mois plus tôt.
Et pourtant, le licenciement avait été considéré comme « illicite » par le conseil des prud’hommes, dans une première décision, vendredi 24 mai. Pour autant, la réintégration du syndicaliste est toujours refusée par le groupe InVivo, géant de l’agroalimentaire et premier groupe céréalier français.
Un syndicaliste engagé depuis 10 ans
Arrivé en 2015 au sein de l’usine qui produit des pains et des viennoiseries pour les grandes surfaces – essentiellement Lidl –, le syndicaliste lutte contre la loi Travail. Puis, lorsque deux des trois sites de Neuhauser à Folschviller sont menacés, la section lutte contre les licenciements économiques.
Les syndicalistes rejoignent ensuite les mobilisations du mouvement des gilets jaunes, à partir d’octobre 2018. « En Moselle, c’est l’un des rares endroits où on a réussi à faire la jonction entre syndicalistes et gilets jaunes », observait le délégué CGT dans nos colonnes, en mai 2024.
Des actions de redistribution des invendus pendant la crise du Covid sont également organisées. D’autres victoires fondamentales sont gagnées, comme l’accès aux 32 heures payées 35, la création d’une trentaine d’emplois, ainsi que des augmentations de salaire.
L’inspection du travail ne reconnaît pas de faits de harcèlement
Après la mise à pied, le 7 février, du syndicaliste, accusé par la direction générale des RH du groupe InVivo de « harcèlement » et d’« intimidation », l’inspection du travail est saisie, puisqu’il s’agit d’un délégué syndical. Elle refuse son licenciement et ne reconnaît pas de faits de harcèlement.
L’ordonnance de référé du 16 février indique qu’« aucune de ces constatations ne révèle de troubles, ni de gêne importante à l’accomplissement du travail des salariés, ni ne caractérise qu’elle mettrait en péril la santé et la sécurité des salariés ».
« On savait que l’inspection du travail était très proche de monsieur Porta et qu’elle refuserait », commentait le directeur général en charge des RH d’InVivo. « Je n’ai jamais vu ça nulle part, dénonçait Christian Porta, les patrons se radicalisent. On a déjà vu comment le gouvernement s’est radicalisé pendant la réforme des retraites, mais là, c’est le patronat. Mon patron c’est la pointe avancée de la répression envers les syndicalistes. »
Mais cela n’a pas empêché cinq cadres de l’entreprise de porter plainte contre Christian Porta, au motif qu’il harcèlerait la direction. La gendarmerie a convoqué le syndicaliste au début du mois de juin, souhaitant le mettre en garde à vue. Mais le procureur de la République s’y est opposé.
Un conflit face au premier groupe céréalier français
L’enseigne de boulangerie industrielle Neuhauser de Christian Porta a été rachetée en 2021 par le groupe InVivo. Le premier groupe céréalier français possède également d’autres enseignes françaises, comme Jardiland ou Gamm vert, mais aussi des malteries, des silos céréaliers dans les ports. Le géant emploie 14 500 salariés sur 90 sites industriels dans 36 pays, et annonce un chiffre d’affaires de 12,4 milliards d’euros en 2022-2023.
Une force de frappe conséquente qui ne fera pas renoncer le syndicaliste chevronné, ni ses soutiens. La secrétaire générale CGT de l’Union des syndicats des travailleurs de l’agroalimentaire et des forêts (Ustaf) Dorothée Unterberger, s’était jointe à une manifestation de soutien au syndicaliste, jeudi 25 avril. « Le patronat cherche à tout prix à casser la CGT, nous en avons un exemple remarquable ici », observait-elle.
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