Les représentants du personnel sont quasiment unanimes sur l’utilité de leur rôle, mais peinent à l’accomplir correctement. Ce constat ressort des premières conclusions de l’étude présentée le mercredi 2 octobre par SECAFI, branche du Groupe Alpha spécialisée dans l’expertise, l’assistance et le conseil auprès des instances représentatives du personnel.
Réalisée entre novembre 2023 et janvier 2024 auprès de 3 850 élus du personnel, l’étude montre que 90 % des sondés se disent fiers de leur rôle et convaincus de leur utilité auprès de leurs collègues. Cependant, 50 % d’entre eux ont déjà songé à abandonner leur mandat. Cet engagement pour le bien commun est porteur de sens, mais s’avère source de stress et de risques psychosociaux. Un paradoxe révélateur des nombreux obstacles qui se dressent sur le parcours des élus du personnel.
Parmi ces obstacles, c’est en premier lieu le manque de temps pour exercer leur mandat qui est cité par les principaux intéressés : 64 % déclarent en effet être obligés de mener à bien leur engagement sur du temps personnel. Une situation liée au manque de moyens humains et financiers, puisque 50 % estiment que le nombre de représentants du personnel est insuffisant pour exercer leurs fonctions de manière satisfaisante.
Autre ambivalence : ces mandats permettent aux élus de développer de nouvelles compétences, mais 56 % considèrent qu’ils ont constitué un frein à leur carrière professionnelle. Un signe que les directions ne valorisent pas, voire pénalisent l’engagement des représentants du personnel.
Évolution inquiétante depuis 2014
Une étude similaire avait été réalisée par le même groupe en 2014. La comparaison des données recueillies met en lumière une évolution préoccupante. En dix ans, le nombre de représentants du personnel qui affirment manquer de moyens matériels a augmenté de dix points, passant de 22 % à 32 %. De la même manière, le sentiment d’isolement s’est accru significativement puisque 39 % disaient se sentir isolés en 2014, contre 53 % en 2024.
Entre ces deux périodes, les ordonnances travail, aussi appelées ordonnances Macron, ont profondément transformé les instances représentatives du personnel. Les Conseils sociaux et économiques (CSE) ont remplacé les anciennes instances distinctes, telles que le comité d’entreprise et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, en les fusionnant en une seule entité. L
e comité d’évaluation des ordonnances travail avait déjà alerté en 2021 sur les conséquences de cette réforme, estimant que « l’élargissement et la concentration sur le CSE d’un champ très vaste de sujets à aborder peut constituer un élément de fragilisation de l’engagement des élus », en raison notamment d’une surcharge de travail, de difficultés de conciliation avec l’activité professionnelle, et d’un manque d’expertise sur l’ensemble des sujets.
Autant d’éléments susceptibles de dissuader de nouveaux candidats à s’engager. Syndex, autre cabinet expert des représentants du personnel, constatait dès novembre 2023 que 93 % des élus estimaient que leur CSE rencontrait des difficultés à recruter de nouveaux membres.
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