La question du remboursement des cures thermales s’est dernièrement invitée à l’Assemblée nationale opposant à distance deux députés de l’Aveyron.
En 2023, pas moins de 458 980 patients ont suivi une cure dans l’une des 88 stations thermales de France, soit une augmentation de 6,1 % en un an. De son côté, l’Aveyron possède une station thermale reconnue, à Cransac, dans le Bassin decazevillois, qui profite elle aussi d’une bonne fréquentation. Une situation qui pourrait évoluer, alors que le gouvernement et sa majorité cherchent à faire des économies…
“Les légitimer” pour Jean-François Rousset
Ainsi, dans le cadre du futur financement de la Sécurité sociale, le député de la troisième circonscription de l’Aveyron, Jean-François Rousset (Ensemble pour la République), a proposé en commission des affaires sociales, jeudi 24 octobre 2024, un amendement afin de conditionner le remboursement des cures thermales à l’existence d’un service médical rendu (SMR) évalué par la Haute Autorité de santé sur le fondement d’études cliniques.
Selon l’ancien chirurgien, l’amendement ne visait “pas à remettre en cause le remboursement des cures thermales mais bien à les légitimer. À cet égard, l’Association française pour la recherche thermale évalue déjà les cures pour démontrer leur efficacité. Cet amendement de bon sens a pour finalité l’identification des postes de dépenses et de leur légitimité”, se justifiait-il alors en commission, avant le rejet de son amendement.
Une proposition infondée selon Laurent Alexandre ?
Mais cela ne suffit pas pour le député de la deuxième circonscription, Laurent Alexandre (La France insoumise – NFP), qui dans un communiqué de presse, mardi 29 octobre, a tenu à s’opposer “fermement à cette proposition qui est d’abord infondée d’un point de vue scientifique”.
L’ancien maire d’Aubin dans le Bassin decazevillois, reprenant l’argumentaire, déjà exprimé en commission par le député socialiste Boris Vallaud, évoque ainsi des études “menées de manière indépendante depuis vingt ans, en étroite relation avec l’Assurance maladie, qui n’a pas attendu Monsieur Rousset pour travailler à l’évaluation du service médical rendu par ces établissements. Selon ces études, ce sont plus de 80 % des indications médicales de prescriptions de cure thermale qui présentent un intérêt thérapeutique.”
Et l’élu insoumis de l’ouest de tancer son collègue macroniste du Sud-Aveyron, “l’évaluation de ses bienfaits thérapeutiques nécessite de la prudence, tout le contraire de la méthode proposée par M. Rousset, qui jette de la suspicion sur le bien-fondé du thermalisme et ignore le travail collectif engagé par toute une filière et les autorités compétentes depuis des années. Cet amendement risque de plus d’être complètement inutile pour les comptes publics, la question du déremboursement de cures thermales n’ayant jamais été posée sérieusement par l’Assurance Maladie.”
Et le député de conclure, “malgré son rejet en commission des Affaires sociales, M. Rousset maintient son amendement devant hémicycle. Je resterai vigilant pour qu’il soit écarté par l’Assemblée nationale”.