Nouvelle pierre dans le jardin, déjà bien encombré, de Sanofi. Selon des révélations du quotidien Libération, lundi 16 septembre, le géant pharmaceutique aurait « dissimulé pendant des années les rejets toxiques » de son usine de Mourenx dans les Pyrénées-Atlantiques, où est produit son antiépileptique Depakine.
Ce médicament, jugé utile pour les malades par l’OMS, mais dangereux pour les bébés et proscrit aux femmes enceintes depuis 2018, vaut déjà au laboratoire de nombreuses procédures judiciaires. Le 9 septembre dernier, Sanofi a d’ailleurs été condamné, après un bras de fer de douze ans, à indemniser Marine Martin, la lanceuse d’alerte et fondatrice de l’association Apesac, qui avait pointé les risques de la Depakine pour les femmes enceintes et leurs enfants.
À cette occasion, la justice reconnaissait que la société Sanofi-Aventis s’était rendue coupable d’un « défaut d’information des risques malformatifs et neurodéveloppementaux de la Depakine ».
Des substances classées comme cancérogènes probables
Depuis novembre 2023 et un article du Monde, on savait que le laboratoire faisait l’objet d’une enquête relative aux rejets dans l’atmosphère de valproate de sodium, la substance active de la Depakine, qui auraient provoqué des malformations chez des enfants dont les mères n’avaient jamais consommé ce médicament, mais vivaient ou travaillaient à proximité de l’usine de Mourenx, où il est produit.
D’après les éléments révélés lundi par Libération, le labo ferait aussi l’objet d’une autre enquête, menée également par le pôle santé publique du tribunal de Paris, sur les rejets de deux autres substances utilisées comme réactifs dans la fabrication de la Depakine : le bromopropane et le toluène, tous deux classés comme reprotoxiques et cancérogènes probables par l’OMS.
Des rejets qui auraient dépassé jusqu’à 190 000 fois la norme autorisée pour le bromopropane, et étaient connus dès 2012. « Aujourd’hui, avec les mesures déjà réalisées, nous savons que nous ne sommes pas conformes au niveau des rejets atmosphériques. (…) Non-conformité non communiquée à la Dreal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement – N.D.L.R.) », reconnaissait en 2017, dans un mail adressé à plusieurs de ses collègues, le responsable du site de l’époque, Serge Gilibert.
Sanofi explique son silence par l’absence de « données complètes »
Ce n’est qu’en mars 2018 que Sanofi a finalement prévenu les services de l’État de ces anomalies, après « plusieurs années pendant lesquelles ils auraient sciemment occulté leur existence », « n’hésitant pas à modifier des rapports, à cacher des données, ou à mentir au moment des inspections », écrit Libération. Le laboratoire explique pour sa défense que s’il n’a alerté la Dreal qu’en 2018, c’est parce qu’avant, il ne disposait pas des « données complètes » («les mesures de débit ») nécessaires pour évaluer la quantité des rejets sur une période précise.
Pas sûr que l’explication soit de nature à convaincre les plaignants dans ce dossier : la Sepanso (fédération d’associations aquitaines de défense de l’environnement), la CGT des industries chimiques de Mourenx, ou encore plusieurs riverains de l’usine ayant contracté ou craignant de contracter de sérieux problèmes de santé.
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