Le rapport de la Cour des comptes, rendu public ce jeudi 20 février, devait dresser une photographie de l’état financier de nos régimes de retraite (privé et public). Ce document de la « mission flash » commandé par Matignon a été remis en début de matinée à François Bayrou par Pierre Moscovici. Dans la foulée, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a indiqué que ce rapport était un « démenti cinglant aux chiffres farfelus retenus par le Premier ministre », sur la chaîne de télévision BFMTV.
En effet, la Cour des comptes a indiqué que le déficit atteindrait 6,6 milliards d’euros en 2025, se « stabiliserait » jusqu’en 2030 environ à 15 milliards d’euros puis se dégraderait de manière « nette, rapide, croissante » à 30 milliards en 2045, « malgré la réforme de 2023 ». Des chiffres bien loin de ceux avancés mi-janvier par François Bayrou, qui avait évoqué un déficit de 55 milliards d’euros à horizon 2030.
« La Cour des comptes nous rassure sur le fait que nous n’avons pas basculé en France dans un régime de post-vérité. Le rapport confirme que la réforme de 2023 que nous avons combattue n’a pas réglé le problème de financement », a déclaré la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, à sa sortie de Matignon où le rapport était présenté aux syndicats.
Des négociations entre les syndicats et le patronat
Le document rendu public est censé servir de base de discussion aux syndicats et au patronat, chargés par l’exécutif de renégocier la réforme des retraites d’avril 2023 (recul de l’âge légal à 64 ans). Ces réunions débuteront le 27 février, et dureront pendant trois mois. « L’histoire du déficit caché est écartée, passons aux choses sérieuses », a réagi, de son côté, Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, estimant également que la réforme de 2023 qui a porté l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et devait « résoudre tous les problèmes » était « du pipeau ».
Avant la remise de ce rapport, les syndicats craignaient que les synthèses de la Cour soient « orientées ». « La lettre de mission (envoyée par François Bayrou à Pierre Moscovici – N.D.L.R.) laisse entendre que la Cour devra plancher sur divers scénarios sur l’avenir de nos régimes de retraite : ce qu’on craint, c’est qu’on nous serine que la seule solution pour équilibrer le système sera de travailler plus longtemps », expliquait Denis Gravouil, négociateur pour la CGT.
Mais plaidait alors : « On ne fera pas de recommandations », avait alors promis Pierre Moscovici sur Public Sénat, tout en restant inflexible sur le cadre de réflexion dans lequel devait s’inscrire l’institution : « Il est hors de question que les préconisations qui peuvent être issues de nos travaux dégradent les finances publiques » martelait-il.
« Il faudrait trouver 10 milliards d’euros à horizon 2030. C’est faisable et la CGT a des propositions », a répliqué ce jeudi Sophie Binet. Et de rappeler : « L’objectif c’est de financer l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans. »
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