Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, le baromètre annuel de la Commission nationale consultative de droits de l’homme (CNCDH) alerte de la montée du racisme pour la deuxième année consécutive. L’institution, qui dès le 12 juin avait appelé à voter contre le Rassemblement national pour faire barrage à l’extrême droite lors des élections législatives anticipées, met en garde sur la dégradation de la cohésion nationale.
L’année 2023 a été marquée par « une montée des crispations identitaires » et « une progression sensible » de l’antisémitisme et du rejet de l’immigration, même si les principales préoccupations des Français concernent le pouvoir d’achat et les inégalités, affirme la CNCDH dans son rapport annuel publié jeudi 27 juin.
« Le programme du RN foule aux pieds les droits fondamentaux »
« Les Français restent avant tout préoccupés par les enjeux socio-économiques liés à la montée de l’inflation » indique l’institution. Parmi les principales inquiétudes figure notamment le niveau de vie (28 %), les inégalités sociales (26 %) et le système de santé (20 %). D’un autre côté, 26 % des sondés citent « la délinquance » (+ 3), 15 % l’immigration (+ 2) et 11 % « la perte d’identité de la France » (+ 3). Le rapport note également « une dégradation sensible de la perception de l’immigration », avec notamment 56 % de Français (+ 3) estimant qu’« il y a trop d’immigrés en France », et 51 % (+ 3) qu’« aujourd’hui en France, on ne se sent plus chez soi comme avant ». La part des Français estimant que « les étrangers devraient avoir les mêmes droits que les Français » recule de 5 points à 52 %.
« Il y a une montée de l’intolérance, mais aussi une libération de la parole », explique Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH, au micro de France Inter, faisant un lien direct avec la situation au Proche-Orient et la montée du racisme en France. Le président de l’institution rappelle que les statistiques des agressions sont extrêmement sous-évaluées, dans la mesure où une grande partie des victimes ne déposent pas plainte. « Le racisme n’est pas une opinion, mais une infraction, un délit », rappelle Jean-Marie Burguburu.
Plus d’un an après le lancement du plan de lutte contre le racisme initié par Élisabeth Borne, « il ne s’est pas passé grand-chose », regrette l’avocat. « La prise de conscience politique n’est pas assez forte », estime le président de la CNCDH. « Le programme du Rassemblement national foule aux pieds les droits fondamentaux », fustige-t-il, pointant notamment la préférence nationale et la discrimination des binationaux. « Nous demandons aux électeurs de voter, et de mesurer la gravité de leurs votes », appelle Jean-Marie Burguburu.
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